La Lecture . tout sonamour, toute linfinie douleur de ladieu. Je la main surmon front, aveuglé, Puis, quand mon regard lachercha de nouveau, elle nétait plus là. Elle fuyait, ayantprofité de ces quelques secondes pour sarracher à moi ; je la visremonter lescalier, très vite, sans se retourner. Et comme je nevoulais pas risquer quelle passât devant moi avec lhomme etles deux enfants, je quittai précipitamment lhôtel et me sauvaipar les rues, je ne sais où... Ma seule préoccupation était de ne pas me rapprocher du nosais pas, vous entendez, tenter de la revoir, même


La Lecture . tout sonamour, toute linfinie douleur de ladieu. Je la main surmon front, aveuglé, Puis, quand mon regard lachercha de nouveau, elle nétait plus là. Elle fuyait, ayantprofité de ces quelques secondes pour sarracher à moi ; je la visremonter lescalier, très vite, sans se retourner. Et comme je nevoulais pas risquer quelle passât devant moi avec lhomme etles deux enfants, je quittai précipitamment lhôtel et me sauvaipar les rues, je ne sais où... Ma seule préoccupation était de ne pas me rapprocher du nosais pas, vous entendez, tenter de la revoir, même de loin ;javais peur de moi, peur de trop Ce fut seulementlorsque lheure du départ fut sonnée, lorsquun nu\ielot, timide-ment interrogé, meut affirmé que le navire avait levé lancre, cefut seulement alors que je revins sur le quai regarder la du paquebot brutal qui séloignait, jetant sa fumée noirecomme jaurais voulu cracher la noire tristesse qui me — Cest mon amour ijui lui a dictù ce portrait. (,Payo 201.) 202 LA LECTURE ILLUSTRÉE Pauvre Maudeuil ! Jai entendu conter déjà quelques histoiresdamour, qui toutes mont donné envie de bâiller. Mais cette fois,vraiment, javais écouté, dabord avec intérêt, puis avec respect,enfin avec émotion. Ceux qui ont dit adieu à une .femme aimée,connu lhorreur glacée des soudaines solitudes et crié, éperdus,un mot de rappel et de détresse, plaindront toujours leurs frèresen pareille douleur. Et je murmurai : — Pauvre André ! Il répondit sans me regarder, toujours courbé en deux, lescoudes aux genoux et les yeux fixés sur les cendres rouges dufoyer : — Pourquoi de la pitié? Jai vécu pendant ces heures toute unevie damour. Jai souffert, oui, et rudement. Mais cette souffrance,le temps la usée, changée plutôt, et men a fait une rêverie quime suit et me protège, et que je ne veux pas laisser en arriè ce jour de séparation et de déchirure, je ne


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