Le diable amoureux, roman fantastique . traînés par un charme, quand nouscroyions ne lêtre que par la beauté des lieux, nous CAZOTTE. XLMi parvînmes jusque dans un péristyle qui était à lentréedu palais; mais nous y étions à peine, que le marbresur lequel nous marchions, solide en apparence, sécarteet fond sous nos pas : une chute imprévue nous préci-pite sous le mouvement dune roue armée de fers tran-chants qui séparent en un clin dœil toutes les partiesde notre corps les unes des autres; et ce quil y eut deplus étonnant, cest que la mort ne suivit pas une aussiétrange dissolution. « Entraîné


Le diable amoureux, roman fantastique . traînés par un charme, quand nouscroyions ne lêtre que par la beauté des lieux, nous CAZOTTE. XLMi parvînmes jusque dans un péristyle qui était à lentréedu palais; mais nous y étions à peine, que le marbresur lequel nous marchions, solide en apparence, sécarteet fond sous nos pas : une chute imprévue nous préci-pite sous le mouvement dune roue armée de fers tran-chants qui séparent en un clin dœil toutes les partiesde notre corps les unes des autres; et ce quil y eut deplus étonnant, cest que la mort ne suivit pas une aussiétrange dissolution. « Entraînées par leur propre poids, les parties denotre corps tombèrent dans une fosse profonde, et syconfondirent dans une multitude démembres entassé tètes roulèrent comme des boules. Ce mouvementextraordinaire ayant achevé détourdir le peu de raisonquune aventure aussi surnaturelle mavait laissée, jenouvris les yeux quau bout de quelque temps, et jevis que ma tête était rangée sur des gradins à côté et. vis-à-vis de huit cents autres têtes des deux sexes, de xlviii CAZOTTE. tout âge et de tout coloris. Elles avaient conservé lac-tion des yeux et de la langue, et surtout un mouvementdans les mâchoires qui les faisait bâiller presque con-tinuellement. Je nentendais que ces mots, assez malarticulés : —Ali! quels ennuis ! cela est désespérant. « Je ne pus résister à limpression que faisait sur moila condition générale, et me mis à bâiller comme lesautres. « —Encore une bâilleuse de plus, dit une grosse têtede femme, placée vis-à-vis de la mienne ; on ny sauraittenir, jen mourrai; et elle se remit à bâiller de plusbelle. « — Au moins cette bouche-ci a de la fraîcheur, ditune autre tête, et voilà des dents démail. Puis, ma-dressant la parole : — Madame, peut-on savoir le nomde laimable compagne dinfortune que nous a donnée lafée Bagasse? « Jenvisageai la tête qui madressait la parole : cé-tait celle dun homme.


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