. Plume et poil . ée,la sincérité de ses convictions, la sévérité deses jugements. Ce nest qualors que vousgoûterez, comme il le dit lui-même, la subs-tantifique moelle que contient son œuvre. Rabelais, donc, imagine quun jeune sei-gneur, accompagné de quelques compa-gnons de caractères variés, entreprend ungrand voyage dexploration. La petite troupedébarque dans une île nouvelle un jour defoire, et en profite pour acheter une foulede belles choses : tableaux, tapisseries, ani-maux de toutes sortes. Parmi ces derniers se trouve un Tarande,que Rabelais nous décrit comme suit :«Tarande est un an
. Plume et poil . ée,la sincérité de ses convictions, la sévérité deses jugements. Ce nest qualors que vousgoûterez, comme il le dit lui-même, la subs-tantifique moelle que contient son œuvre. Rabelais, donc, imagine quun jeune sei-gneur, accompagné de quelques compa-gnons de caractères variés, entreprend ungrand voyage dexploration. La petite troupedébarque dans une île nouvelle un jour defoire, et en profite pour acheter une foulede belles choses : tableaux, tapisseries, ani-maux de toutes sortes. Parmi ces derniers se trouve un Tarande,que Rabelais nous décrit comme suit :«Tarande est un animal grand comme unjeune taureau, portant teste comme est duncerf, peu plus grande, avec cornes insigneslargement ramées; les pieds forchuz; le poillong comme dun grand ours. » Le Tarande,que les savants actuels appellent RangiferTarandus, nest autre que le Renne, et il napas changé, comme vous pouvez le voir. Cet animal était encore peu connu à lé-poque, et lon croyait quil changeait de cou-. — 28 — leur selon la variété des lieux où il ne peut se retenir denjoliver encorela légende, et raconte que le Tarande nouvel-lement acheté devint gris, rouge, blanc, selonles vêtements de celui des voyageurs quirapprochait. Il nest pas, cependant, de légende sansfondement, et comme il vit dans les paysde lextrême Nord, où la nature ne présentepas les vifs coloris que lon voit dans le Sud,il est réel que le Renne, avec son poil brunâ-tre-grisâtre, « représente, comme dit Rabelais,la couleur des herbes, arbres, arbrisseaux,fleurs, lieux, pâtis, rochers, généralement detoutes choses quil approche ». Quand vientlhiver, lanimal se couvre peu à peu de poilsblancs, de sorte quil finit par devenir assezpeu visible sur le fond de la neige ; surtoutquà ce moment il a perdu ses cornes. Auprintemps, il subit un nouveau changementde teinte, pour redevenir tel que vous levoyez ici. Au cours du long hiver septentrional, iltrouve dans son
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