. La boule de vermeil. ants qui jouent avec lesable. Ce soir-là , lémotion fut doublée par lobscurité.Je promenai les rayons jaunâtres de ma lanterne sur lagrève, comme pour chercher les traces des petites noyéesâ dans la mer, on ne grandit pas,â et, malgré quilse fût passé dix ans depuis leur disparition, je redou-tais de les voir mentourer de leurs bras frêles, en uneronde enfantine et terrifiante. De la grève, mes regards se portèrent vers la pleinemer. Je poussai une exclamation et mon falot trembladans ma main : il ny avait plus de mer ; aussi loinque mes yeux pouvaient se por


. La boule de vermeil. ants qui jouent avec lesable. Ce soir-là , lémotion fut doublée par lobscurité.Je promenai les rayons jaunâtres de ma lanterne sur lagrève, comme pour chercher les traces des petites noyéesâ dans la mer, on ne grandit pas,â et, malgré quilse fût passé dix ans depuis leur disparition, je redou-tais de les voir mentourer de leurs bras frêles, en uneronde enfantine et terrifiante. De la grève, mes regards se portèrent vers la pleinemer. Je poussai une exclamation et mon falot trembladans ma main : il ny avait plus de mer ; aussi loinque mes yeux pouvaient se porter, sétendait uneplaine de sable roux, semée dilôts noirs et de tachesverdâtres. La lune sétait levée brusquement et ouvrait un Åilénorme. â Dieu ! pensai-je, un cataclysme est proche :lOcéan prend un gigantesque élan et va tout inonder. â ^on, prononça à mes pieds une petite voix na-sillarde, cest un phénomène tout à fait régulier. Jaidéjà vu cela il y a dix ans. â Dix ans? â G. 100 LA BODLE DE VERMEIL Je dardai ma lanterne vers lêtre malin qui répon-dait ainsi à ma pensée. Cétait un nain fort laid quiétait assis en tailleur sur un tas de varech, et que jereconnus immédiatement pour être le petit marchandde coquillages de la place Jean-Bart. Et je me trouvaitout à fait rassuré sur la nature de cette voix, et dumême coup sur lévénement. Ma lanterne cessa de saciter fébrilement et cestavec le plus grand calme que jinterrogeai cet imprévucompagnon nocturne : â Quest-ce que vous faites ici, père Frédéric ? â Je ramasse des coquilles, donc, me répondit savoix métallique et enrouée de phonographe. Croyez-vous quelles viennent toutes seules chez moi?Voulez-vous maider ? Nous avons toute la nuit à nous. Pour gagner sa vie, il faut employer ses deuxmains ; laissez votre lanterne sur ce gros galet feu nous indiquera de loin


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