Maria Chapdelaine : récit du Canada français . elle sen-tait quil fallait obéir. Le souvenir de ses au-tres devoirs ne vint quensuite, après quelle sefût résignée, avec un soupir. Aima-Rose étaitencore toute petite; sa mère était morte et ilfallait bien quil restât une femme à la en vérité cétaient les voix qui lui avaientenseigné son chemin. La pluie crépitait sur les bardeaux du toit, etla nature heureuse de voir lhiver fini envoyaitpar la fenêtre ouverte de petites bouffées debrise tiède qui semblaient des soupirs travers les heures de la nuit Maria resta im-mobile, les


Maria Chapdelaine : récit du Canada français . elle sen-tait quil fallait obéir. Le souvenir de ses au-tres devoirs ne vint quensuite, après quelle sefût résignée, avec un soupir. Aima-Rose étaitencore toute petite; sa mère était morte et ilfallait bien quil restât une femme à la en vérité cétaient les voix qui lui avaientenseigné son chemin. La pluie crépitait sur les bardeaux du toit, etla nature heureuse de voir lhiver fini envoyaitpar la fenêtre ouverte de petites bouffées debrise tiède qui semblaient des soupirs travers les heures de la nuit Maria resta im-mobile, les mains croisées dans son giron, pa-tiente et sans amertume, mais songeant avecun peu de regret pathétique aux merveilles loin-taines quelle ne connaîtrait jamais, et aussiaux souvenirs tristes du pays où il lui étaitcommandé de vivre; à la flamme chaude qui MAEIA CHAPDELAINE 243 navait caressé son cœur que pour séloignersans retour, et aux grands bois emplis de neigedoù les garçons téméraires ne reviennent — Si vous voulez je vous marierai coiinme vous mavezdemandé, le printemps daprès ce (page 244). XVI En mai, Esdras et DaBé descendirent deschantiers, et leur chagrin raviva le chagiin desautres. Mais la terre enfin nue attendait la se-mence, et aucun deuil ne pouvait dispenser dulabeur de lété. Eutrope Gagnon vint veiller un soir, et peut-être, en regardant à la dérobée le visage deMaria, devina-t-il que son cœur avait changé,car lorsquils se trouvèrent seuls il demanda: —Calculez-vous toujours de vous en aller,Maria. Elle fit : Non de la tête, les yeux à terre. —Alors. ,. Je sais bien que ça nest pas letemps de parler de ça, mais si vous pouviezme dire que jai une chance pour plus tard,jendurerais mieux lattente. Maria lui répondit: — Si vous voulez je vous marieraicomme vous mavez demandé, le printempsdaprès ce printemps-ci, quand les hommes re-viendront du bois pour les semailles.


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