Aymeris : roman . à M^ Aymerisdéjà malade, les calomnies dont il avait été le colporteur. Et cétait luile premier à venir, quand les journaux nannonceraient que demain ledécès du maître. Voici pourtant dautres bouquets, des gerbes avec inscriptions surdes morceaux de papier et des cartons : « A mon bienfaiteur », « Unereconnaissance fidèle », (( Trois orphelins de Grenelle, qui ont retrouvéun père ». Le timbre du concierge retentit ; « des dames » sollicitent deGeorges un entretien privé, immédiat ; elles montent, envahissent lachambre. Lune delles debout à la tête du lit se lamente, psalmodie


Aymeris : roman . à M^ Aymerisdéjà malade, les calomnies dont il avait été le colporteur. Et cétait luile premier à venir, quand les journaux nannonceraient que demain ledécès du maître. Voici pourtant dautres bouquets, des gerbes avec inscriptions surdes morceaux de papier et des cartons : « A mon bienfaiteur », « Unereconnaissance fidèle », (( Trois orphelins de Grenelle, qui ont retrouvéun père ». Le timbre du concierge retentit ; « des dames » sollicitent deGeorges un entretien privé, immédiat ; elles montent, envahissent lachambre. Lune delles debout à la tête du lit se lamente, psalmodiecomme une pleureuse antique, manie des ciseaux et injurie les gardes quilempêchent de couper une mèche de cheveux : Assassins, assassins !Vous avez tué le grand homme ! Quon fasse lautopsie. Georges entend une autre voix dhystérique dans le jardin : — Oii est Antonin? Antonin! Antonin! votre maître nest Jamène un chirurgien allemand, le seul opérateur possible, sui- 254. vez-moi, docteur, je suis ici chez moi ! Au nom du Ciel, sauvons mongrand ami, les médecins français sont des â Dans le vestibule, quelques reporters notent les documents biogra-phiques que dautres énergumènes leur jettent en pâture. Georges compteles minutes en attendant sa mère. A huit heures, Mme Aymeris arrivede Longreuil, accompagnée de ses belles-sœurs et de Nou-Miette. Sans ouvrir la bouche, dun pas assez alerte encore, elle monte, seprosterne, baise les mains et les joues du cadavre, et sempare dun prie-Dieu, où elle égrènera son chapelet jusquà ce quelle sassoupisse. ^SS Nou-Miette la déshabille, la porte dans son lit, qui est dans lapièce contiguë. Elle sendort sans avoir pu proférer une parole. Le lendemain matin, après avoir dit ses prières au chevet deM. Aymeris, elle descend, traverse le jardin, pour voir Mme Dé nonagénaire naurait pas compris la nouvelle, lui en eût-on fait elle, M. Aymeris, ne pouvait pas


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