. Maria Chapdelaine : récit du Canada français. sagesse. Il fumait et causait avec les hommes maintenant,de par ses quatorze ans, ses larges épaules et sa con-naissance des choses de la terre. Huit ans plus tôt ilavait commencé à soigner les animaux et à rentrerchaque jour dans la maison sur son petit traîneau laprovision de bois nécessaire. Un peu plus tard il avaitappris à crier très fort : « Heulle ! HeuUe ! » derrièreles vaches aux croupes maigres, et « Hue! Dia ! » et« Harrié ! » derrière les chevaux au labour, à tenir lafourche à foin et à bâtir les clôtures de pieux. Depuisdeux ans déjà


. Maria Chapdelaine : récit du Canada français. sagesse. Il fumait et causait avec les hommes maintenant,de par ses quatorze ans, ses larges épaules et sa con-naissance des choses de la terre. Huit ans plus tôt ilavait commencé à soigner les animaux et à rentrerchaque jour dans la maison sur son petit traîneau laprovision de bois nécessaire. Un peu plus tard il avaitappris à crier très fort : « Heulle ! HeuUe ! » derrièreles vaches aux croupes maigres, et « Hue! Dia ! » et« Harrié ! » derrière les chevaux au labour, à tenir lafourche à foin et à bâtir les clôtures de pieux. Depuisdeux ans déjà il maniait tour à tour la hache et lafaux à côté de son père, conduisait le grand traîneauà bois sur la neige dure, semait et moissonnait sansconseil ; de sorte que personne ne lui contestait plusle droit dexprimer librement son avis et de fumerincessamment le fort tabac en feuilles. Il avait encoresa figure imberbe denfant, aux traits indécis, des yeuxcandides, et un étranger se fût probablement étonné 30. de lentendre parler avec une lenteur mesurée de vieilhomme plem dexpérience et de le voir bourrer éter-nellement sa pipe de bois ; mais au pays de Québecles garçons sont traités en homme dès quils prennentpart au travail des hommes, et de leur usage précocedu tabac ils peuvent toujours donner comme raisonque cest une défense contre les terribles insectes har-celants de lété : moustiques, maringouins et mouchesnoires. — Que ce doit donc être plaisant de vivre dans unpays où il ny a presque pas dhiver, et où la terre nourritles hommes et les animaux. Icitte cest lhomme quinourrit les animaux et la terre, à force de travail. Sinous navions pas Esdras et DaBé dans le bois, ouigagnent de « bonnes » gages, comment ferions-nous? — Pourtant la terre est bonne par icitte, fitEutrope Gagnon. — La terre est bonne ; mais il faut se battreavec le bois pour lavoir ; et pour vivre il faut éco-nomiser sur tout et besogner du m


Size: 1361px × 1836px
Photo credit: © The Reading Room / Alamy / Afripics
License: Licensed
Model Released: No

Keywords: ., bookauthorhmonloui, bookcentury1900, bookdecade1920, bookyear1922