Maria Chapdelaine : récit du Canada français . bannière étoi-lé Après une minute dhésitation, il secoua latête, reconnaissant son impuissance à peindretoutes ces choses avec des mots. Ils marchaient ensemble sur la neige, les ra-quettes aux pieds, dans les brûlés qui couvrentla berge haute de la rivière Péribonka au-des-sus de la chute. Lorenzo Surprenant navait eurecours à aucun prétexte pour obtenir que Ma-ria sortit avec lui; il le lui avait demandé sim-plement, devant tous, et maintenant il lui par-lait damour avec la même simplicité directeet pratique. —Le premier jour que je vous ai


Maria Chapdelaine : récit du Canada français . bannière étoi-lé Après une minute dhésitation, il secoua latête, reconnaissant son impuissance à peindretoutes ces choses avec des mots. Ils marchaient ensemble sur la neige, les ra-quettes aux pieds, dans les brûlés qui couvrentla berge haute de la rivière Péribonka au-des-sus de la chute. Lorenzo Surprenant navait eurecours à aucun prétexte pour obtenir que Ma-ria sortit avec lui; il le lui avait demandé sim-plement, devant tous, et maintenant il lui par-lait damour avec la même simplicité directeet pratique. —Le premier jour que je vous ai vue. Maria,le premier cest vi^ai ! Voilà longtempsque je nétais revenu au pays, et jétais à medire que cétait une misérable place pour vivre,que les hommes étaient une gang de simplesqui navaient rien vu et que les filles nétaientsûrement pas aussi fines ni aussi smart quecelles des Et puis rien quà vous re-garder, je me suis dit tout dun coup que cétaitmoi qui nétais quun simple, parce que ni à. «nle (pgae i7o ^^^ ^ •^ «^^ t-^^a est MAEIA CHAPDELAINE ]73 Lowell ni à Boston je navais jamais vu defille comme vous. Après que jétais retournélà-bas, dix fois par jour je pensais que peut-être bien quelque malavenant dhabitant allaitvenir vous chercher et vous prendre, et chaquefois ça me faisait froid dans le dos. Cest pourvous que je suis revenu, Maria, revenu de toutprès de Boston jusquicitte : trois jours devoyage ! Les affaires que javais, jaurais pules faire par lettre; cest pour vous que je suisrevenu, pour vous dire ce que javais à dire etsavoir ce que vous me répondriez. Toutes les fois que le sol était nu lespace dequelques pieds devant eux, dépourvu de chi-cots et de racines, et quil pouvait relever lesyeux sans crainte de trébucher dans la neige,il la regardait, mais ne voyait delle que sonprofil penché, à lexpression patiente et tran-quille, entre son bonnet de laine et le long giletde laine qui moulait


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