Jezennemours : roman dramatique . Que dis-je ?elle avoit perdu fa trifte folitude ,Suzanne avec fon doux regard y ha-bitoit. Lennui nétoit plus empreintfur les murs. Ils me fembloient, quoi-que taphTés de thèfes, colorés de laflâme de mon amour. Javois interprêté quelques-uns defes regards , &c nafpirois plus quaubonheur de lui parler ; jen avois fou-vent tenté loccafion , mais fans ofereffectuer mon téméraire deflein. Lavoix me manquoit & les jambes tout-à-coup fléchilToient fous moi. Je trem-blois doutrager fa fageffe , fa vertu, &cfon front en portoit ladorable em-preinte. Singulier détour


Jezennemours : roman dramatique . Que dis-je ?elle avoit perdu fa trifte folitude ,Suzanne avec fon doux regard y ha-bitoit. Lennui nétoit plus empreintfur les murs. Ils me fembloient, quoi-que taphTés de thèfes, colorés de laflâme de mon amour. Javois interprêté quelques-uns defes regards , &c nafpirois plus quaubonheur de lui parler ; jen avois fou-vent tenté loccafion , mais fans ofereffectuer mon téméraire deflein. Lavoix me manquoit & les jambes tout-à-coup fléchilToient fous moi. Je trem-blois doutrager fa fageffe , fa vertu, &cfon front en portoit ladorable em-preinte. Singulier détour de ma paf-fion ! jimaginai ne devoir lui parler l68 J E Z E N WE M O U R Si que pour connoître quels fentimenslempêchoient de fléchir les genouxdevant lAutel des Catholiques , &pourquoi elle étoit oppofée à uneReligion fi ancienne & fi répandue ?Elle eft née pour être heureufe , medifois-je, je veux quelle le foit, &vivre afluré de fon bonheur dans lau-tre monde, comme dans CHAP, XXIV. ROMAN-D RAMAT 1 QUE, 169 , —_— ? 9 CHAPITRE XXIV. Vous en fouvient-il ? lixcrri par un (i noble intérêt & quinadmettoit rien de terreftre , par unintérêt quon pouvoit avouer haute-ment , je ne balançai plus de lui adref-fer la parole ; je la rencontrai fur lefoir le jour tombant ; elle venoit dereconduire une bonne-amie Se rentroitpar la petite porte dun jardin qui oc-cupoit le derrière de la maifon. Len-droit étoit ïblitaire, & la nuit quicommençoit, me favorifoit encore ;elle alloit fermer la porte & me jettoitle regard quelle avoit coutume demenvoyer ; regard rapide , mais quinexprimoit pas le dédain, lorfquetout-à-coup je me précipitai fur cetteporte ; & larrêtant dune main ferme& tremblante : Adorable Beauté , luiTome I. P 170 Jezennemours, dis-je avec tranfport, & les larmesdans les yeux, ne craignez rien , jefuis prêt à donner ma vie , pour votrebonheur > il meft cent fois plus cherque le mien : eft-il poifible de vou


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