Gazette des beaux-arts . ©mani. Quelle dosede talent ne faut-il pas à Daubigny, par exemple, pour nous tenir si long-temps en contemplation devant ces Bords de lOise! Qui aurait dit que cefleuve familier, ces simples bouquets darbres, cette nature sans mouve-ment et sans nom fourniraient matière à un paysage dune beauté si atta-chante et si pénétrante! Le philosophe antique, pauvre et content, por-tait avec lui toute sa fortune : le vrai paysagiste, inquiet et riche, porteen lui toute la nature. Limage du site le plus humble se transfigure toutà coup, sidéalise, dès quelle est venue se p


Gazette des beaux-arts . ©mani. Quelle dosede talent ne faut-il pas à Daubigny, par exemple, pour nous tenir si long-temps en contemplation devant ces Bords de lOise! Qui aurait dit que cefleuve familier, ces simples bouquets darbres, cette nature sans mouve-ment et sans nom fourniraient matière à un paysage dune beauté si atta-chante et si pénétrante! Le philosophe antique, pauvre et content, por-tait avec lui toute sa fortune : le vrai paysagiste, inquiet et riche, porteen lui toute la nature. Limage du site le plus humble se transfigure toutà coup, sidéalise, dès quelle est venue se peindre au fond de cettechambre obscure, qui est son âme. Tandis que Daubigny, bien que des plus habiles à manier le pinceau,subordonne toujours lexécution au sentiment, dautres, tels que M. Ha-noteau, font passer avant tout lexcellence de la touche et la vérité posi-tive. Il ne se peut rien de plus robuste, de plus solidement rendu que le «So/r() lu Ferme. Cest là une de ces peintures qui sadressent, non pas au. ^8 GAZETTE DES BEAUX-AUTS. sentiment, mais à la sensation. Le peintre na pas été ému du spectaclequil a voulu traduire; il en a été frappé: aussi en êtes-vous frappé,comme lui, et non pas ému. La même observation sapplique à la grandetoile de M. Auguste Bonheur, le Dormoir. Il y a une sorte de magievisuelle dans ce tableau, et si on le regardait de manière à lisoler de soncadre, on se croirait à quelque distance dun troupeau de bÅufs sousla feuillée. Lintérieur de ce bois, où pénètre par les éclaircies une pous-sière de soleil, vous procure une sensation de fraîcheur et de bien-ê grandes vaches du premier plan ne paraissent pas suffisamment mo-delées et manquent un peu de rondeur ; mais à quinze pas, lillusion seproduit, la senteur des bois se dégage, lon croit respirer aussi la saineodeur de létable. Les animaux et la nature agreste se marient si biendans


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