Gazette des beaux-arts. . que celle-là, et Duccio en reproduit avec fidélité le grou-pement immuable; mais combien Giotto sy montre neuf et puissant !Quelle admirable expression dans le regard et le geste du Christ,quelle noblesse antique dans Tattitude de lapôtre aux longs cheveuxbouclés qui dénoue ses sandales, dans la démarche religieuse desdeux frères qui portent leau de la purification ! — Ici encore. Judasest au nombre des apôtres. On ne laperçoit plus dans le DernierEntretien du Christ, où Duccio a fait asseoir les Onze aux pieds duMaître, qui leur expose la loi damour. Saint Jean est a


Gazette des beaux-arts. . que celle-là, et Duccio en reproduit avec fidélité le grou-pement immuable; mais combien Giotto sy montre neuf et puissant !Quelle admirable expression dans le regard et le geste du Christ,quelle noblesse antique dans Tattitude de lapôtre aux longs cheveuxbouclés qui dénoue ses sandales, dans la démarche religieuse desdeux frères qui portent leau de la purification ! — Ici encore. Judasest au nombre des apôtres. On ne laperçoit plus dans le DernierEntretien du Christ, où Duccio a fait asseoir les Onze aux pieds duMaître, qui leur expose la loi damour. Saint Jean est au premierrang, comme il convient. — Giotto néglige les entretiens pour allerdroit aux actes du drame. Son Judas devant la synagogue seraitexcellent, sil navait indiqué derrière le ti^aitre une caricaturebaroque de diable cornu, qui le happe de sa griffe. Duccio, plusgrave, a groupé tragiquement autour du traître ses sombres figuresde prêtres juifs, qui discutent pièce par pièce le prix du sang. —. 490 GAZETTE DES BEAUX-ARTS. La nuit est venue. Au mont des Oliviers les apôtres dorment sur lesol, accablés de fatigue; seuls, Pierre et les deux fils de Zébédée sontassis, et Jésus leur parle. Tout près de là, sur la même bande deroc où poussent de maigres arbres, Jésus encore est agenouillé,tendant les deux mains au calice damertume quun ange lui manque, cette seule fois, à lunité de composition que Giottoa toujours observée. Dailleurs, la Prière au mont des Oliviers nefigure point parmi les fresques de lArena. —• Puis nous voj-ons, auretable de Duccio, le Baiser de Judas. La scène est bien pondérée, legroupe des soldats et des Juifs se précipitant sur le Christ est suffi-samment farouche, le visage du traître penché sur son Dieu, dunehideur satisfaisante. Saint Pierre coupant loreille de Malchussemble bien un peu ridicule. Sur la droite, les apôtres senfuient, etleur frayeur est excellemment exprimée. Mais jadmire


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