L'Eloge de la Folie : composé en forme déclamation . s en a6tion pourles affaires des autres, négligent leurs propres affai-res. Il en eft qui empruntent pour sacquitter, &qui, lorsquils fe croyoient en fortune, fe trouventabîmez de dettes. Ce pauvre ne conçoit pas un plusgrand bonheur, que denrichir fon héritier. Cetaffamé de biens court les mers, pour un profit lé-ger 6c incertain, abandonnant aux vagues & auxvents, une vie quil ne peut racheter de tout lar-gent du Monde. Cet amateur du fang, qui pour-roit jouir chez lui dun fur & agréable loifir, aimemieux chercher la fortune à travers les
L'Eloge de la Folie : composé en forme déclamation . s en a6tion pourles affaires des autres, négligent leurs propres affai-res. Il en eft qui empruntent pour sacquitter, &qui, lorsquils fe croyoient en fortune, fe trouventabîmez de dettes. Ce pauvre ne conçoit pas un plusgrand bonheur, que denrichir fon héritier. Cetaffamé de biens court les mers, pour un profit lé-ger 6c incertain, abandonnant aux vagues & auxvents, une vie quil ne peut racheter de tout lar-gent du Monde. Cet amateur du fang, qui pour-roit jouir chez lui dun fur & agréable loifir, aimemieux chercher la fortune à travers les dangers 8cles horreurs de la Guerre. On fe flate dune groffefucceffion, fi on peut semparer de lefprit de ceVieillard qui va mourir fans héritiers, ou fi on aladrelTe de gagner les bonnes grâces de cette richeVieille : mais que les Dieux rient de bon cœur,quand ces Pêcheurs dargent fe premient dans leurspropres filets ! Les plus fous, & les plus méprifables Afteurs du Xlica- ^ Vpvcz la figure pag. 121, DE LA Folie, ïi*. Théâtre de la Vie humaine, font les Marchands,Rien de plus bas que leur profeflîon, & ils Texer-çent dune vilaine manière : ils font ordinairementmenteurs5 parjures, voleurs, trompeurs, impof-teursi & nonobftant tout cela, fort confîderez, àcaufe du coffre-fort. Ceft principalement à cesmauvais Riches que les gros & gras Moines Men-ti y dians giz LE L O G E dians font fi dévotement la cour: ils les abordentavec un refpeft doucereux ^ leur donnent hautementle titre de vénérable-^ & cela^ pour attraper une pe-tite part du bien mal-acquis. Vous voyez dans unautre endroit les fe£bateurs de Pythagore, qui te-nant avec ce Philofophe y que tous les biens fontcommuns5 regardent comme un cafuel légitime^tout ce quils peuvent dérober. Il y en a qui nefqnt riches quen efperance : ils fe forgent dagréa-bles fantômes de fortune 5 & ils croyent que cela,fuffit pour vivre heureux. Quelques-uns font ra-vis de pafler pour fort opulens, quoiquils n
Size: 1526px × 1637px
Photo credit: © The Reading Room / Alamy / Afripics
License: Licensed
Model Released: No
Keywords: ., bookauthorerasmusdesideriusd1536, bookdecade1720, bookidlelogede