. Paris à table . mont prit le verre, goûta le prétendu vin, et ledéclara excellent. Le duc de Bedfort, pour lui foire raison, vou-lut en boire à son tour ; mais a peine a-t-il porté le verre à seslèvres, quil sécrie, avec un horrible dégoût : «Ah ! quest-ceque cest que ça ? » On accourt vers lui, ou examine la bouteille,on interroge le parfum : cétait de lhuile de castor !... Le ducde Grammont avait avalé cette détestable drogue sans sour-ciller. Ce trait sublime fit grand honneur a la noblesse deFrance ; on conçut une haute idée dun pays où la politesseallait jusquà lhéroïsme. On sest beauc


. Paris à table . mont prit le verre, goûta le prétendu vin, et ledéclara excellent. Le duc de Bedfort, pour lui foire raison, vou-lut en boire à son tour ; mais a peine a-t-il porté le verre à seslèvres, quil sécrie, avec un horrible dégoût : «Ah ! quest-ceque cest que ça ? » On accourt vers lui, ou examine la bouteille,on interroge le parfum : cétait de lhuile de castor !... Le ducde Grammont avait avalé cette détestable drogue sans sour-ciller. Ce trait sublime fit grand honneur a la noblesse deFrance ; on conçut une haute idée dun pays où la politesseallait jusquà lhéroïsme. On sest beaucoup amusé des susceptibilités de la petitebourgeoisie; elles sont extrêmes: mais celles de laristocratie ne leur cèdent point; ellessont aussi hautaines que lesautres sont mesquines. Un homme connu par sonurbanité, après un dîner chezun riche banquier, prenait ducafé ; au moment où il sap-prêtait a savourer le délicieuxpoison, une femme jeune et jolie savança vers lui, roulant 18 -. 70 PARIS A TABLE. dans ses doigts un énorme morceau de sucre. « Monsieur, luidit-elle, avec le plus gracieux sourire, voulez-vous me permettrede faire un canard? » Cette étrange familiarité le déconcerta au point quil pâlit,trembla, et laissa tomber le contenu de sa tasse sur la robeblanche de la dame au canard. Une comtesse allemande versait du thé; un baron allemand,au lieu de se servir des pinces, prit du sucre avec ses comtesse marcha vers la fenêtre, louvrit, et jeta le sucrier :le baron acheva tranquillement de prendre son thé; lorsquileut fini, il alla aussi à la fenêtre, louvrit, et jeta sa tasse mois après cette scène, le baron épousait la comtesse. Quant aux traits particuliers de la physionomie du dînerparisien et à quelques singularités de ses habitudes, nous enavons fait lobjet dun examen spécial. Cest peut-être le post-scriptum dans lequel il faut chercherla pensée de tout ce qui précède. Nous terminerons par


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