. Les etoiles; derniere feerie . premiersrayons du jour. Lorsque la chaleur devint excessive, ils 52 LA BELLE ÉTOILE. séloignèrent de la grande route, se choisirent une fraîchealcôve darbres, et firent une longue sieste, comme les plusépicuriens des Napolitains. Deux repas dune frugalité exemplaire leur avaient suffipour réparer leurs forces et soutenir leurs pieds sur le che-min dépines qui mène à Paris. La nuit suivante, ils sarrêtèrent encore à la même au-berge, à lenseigne de la Belle-Étoile, et comme ils avaientpayé, pendant le jour, un large arriéré au sommeil, cecréancier inexorable, il


. Les etoiles; derniere feerie . premiersrayons du jour. Lorsque la chaleur devint excessive, ils 52 LA BELLE ÉTOILE. séloignèrent de la grande route, se choisirent une fraîchealcôve darbres, et firent une longue sieste, comme les plusépicuriens des Napolitains. Deux repas dune frugalité exemplaire leur avaient suffipour réparer leurs forces et soutenir leurs pieds sur le che-min dépines qui mène à Paris. La nuit suivante, ils sarrêtèrent encore à la même au-berge, à lenseigne de la Belle-Étoile, et comme ils avaientpayé, pendant le jour, un large arriéré au sommeil, cecréancier inexorable, ils prolongèrent leur veillée jusquàminuit. — As-tu de lambition, toi, Michel? dit Zéphirin. — Une ambition énorme. — Et que désires-tu ? — Dabord la richesse. — Et après ? — Après, Zéphirin, quand jaurai la richesse, toutle reste viendra; et toi, Zéphirin, quel est ton genre dam-bition ? — Moi, je mennuie dêtre soldat, et je voudrais passergénéral à la première LA BELLE ÉTOILK. 33 — Aimes-tu ton métier, Zéphirin ? — Oui, mais à condition dêtre général ; et je le serai. — Tu as consulté quelque sorcière? — Mieux quune sorcière. Je ne crois pas à ces vieillesfemmes-là.... Cest une étoile qui ma prédit mon destin ; labelle étoile dont nous parlions hier ; celle qui est au bout demon doigt. — Il paraît, Zéphirin, que ceux qui, comme nous, cou-chent par état dans la même auberge, ont les mêmes idéesla nuit. Voyons maintenant tes idées, Zéphirin. — Moi, quand je suis ainsi étendu sur le dos, les brascroisés, la face tournée au ciel, et que je regarde cette étoile,jai des visions extraordinaires. Toutes les formes changent ; je ne vois plus ce quon doitvoir réellement; je vois autre chose. Ainsi la prairie est un lac, le grand chemin est une ri-vière glacée, larbre est un géant, la colline est une vaguede la mer. Nos yeux sont pleins de mensonges, et jaimemieux ces mensonges


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