. Sur le Haut-Congo . umaine est un régal. — Cest horrible, leur disais-je un jour. — Au contraire, cest délicieux, avec du sel, fut la réponse. Il est très difficile de trouver des arguments à la portée de ceshommes qui ne partent pas de ce principe que manger son semblableest affreux. Je disais aux Ba-Ngala : — Vous comprenez la différence entre un honmie et un animal ;lun a une intelligence et lautre pas ; le premier est de môme espèceque vous ; il a un nom ; il vous parle au moment où vous allez letuer; il ne vous a fait aucun mal. Vous le mangez parce quil estesclave ou prisonnier. Ne sen
. Sur le Haut-Congo . umaine est un régal. — Cest horrible, leur disais-je un jour. — Au contraire, cest délicieux, avec du sel, fut la réponse. Il est très difficile de trouver des arguments à la portée de ceshommes qui ne partent pas de ce principe que manger son semblableest affreux. Je disais aux Ba-Ngala : — Vous comprenez la différence entre un honmie et un animal ;lun a une intelligence et lautre pas ; le premier est de môme espèceque vous ; il a un nom ; il vous parle au moment où vous allez letuer; il ne vous a fait aucun mal. Vous le mangez parce quil estesclave ou prisonnier. Ne sentez-vous pas une honte à considérerlhomme comme un aliment? Et puis, lon peut vous manger, vousaussi, si vous tombez aux mains dun ennemi. Ils répondaient : — Cest le sort de la guerre, cela. Tout ce que vous dites prouvecombien il est distingué de manger la chair humaine, une viande quiavait un nom et qui parlait. Cest un aliment noble, tandis que lesanimaux ne fournissent quune nourriture CHEZ LES BA-XGALA 273 Le seul ordre de raisons qui put les frapper était basé sur lintérêtmatériel, et jen étais presque amené à soutenir lesclavage. — Manger un homme, disais-je, cest faire une perte sèche, cestfaire périr un instrmnent de richesse. Si vous laviez laissé vivant,si vous laviez bien nourri et payé, et forcé à travailler pour vous,à aller à la pèche, à cultiver, à fabriquer des armes, il vous eûtprocuré une grande source de bénéfices. — Cela est vrai, répondaient-ils, mais ceût été la suppressiondune jouissance spéciale, celle de manger une chair excellente « dungoût particulier » ; et nous ne sommes pas habitués, comme lhommeblanc, à renoncer à un grand plaisir certain pour réaliser un gaindouteux. On ne sait pas, en Europe, combien il est malaisé de raisonneravec les sauvages. On les croit absolument voisins des animaux pourlintelligence. Cest une erreur profonde. Leur esprit est ouvert,mais il est dévoyé
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