Causeries avec mes élèves . frères au 17® siècle; il en a encore aujourdhui parminous. — Qui ? — Vous êtes indiscret, mon ami : on nenomme pas les frères de M. Jourdain. — Pourquoi ? —Attendez donc ! Vous faites rire ces dames ; vous com-prendrez pourquoi, quand vous le connaîtrez. — Qui est-ce?— Cest une création du génie de Molière. — Faisait-ildes fables ? — Non certes, le pauvre homme ne savait pasquil ny avait pour écrire que la prose et les vers. — Lacomédie de M. Jourdain est-elle en vers ? — Non, vais vous donner la fameuse scène de la prose et desvers. — Elle est très-comiqu


Causeries avec mes élèves . frères au 17® siècle; il en a encore aujourdhui parminous. — Qui ? — Vous êtes indiscret, mon ami : on nenomme pas les frères de M. Jourdain. — Pourquoi ? —Attendez donc ! Vous faites rire ces dames ; vous com-prendrez pourquoi, quand vous le connaîtrez. — Qui est-ce?— Cest une création du génie de Molière. — Faisait-ildes fables ? — Non certes, le pauvre homme ne savait pasquil ny avait pour écrire que la prose et les vers. — Lacomédie de M. Jourdain est-elle en vers ? — Non, vais vous donner la fameuse scène de la prose et desvers. — Elle est très-comique ? — Oui, vous rirez, si vousla comprenez. Ecoutez. M. Jourdain vient de prendre sa première leçon ; sonmaître de philosophie lui a appris à prononcer les voyelles ;il est aux anges davoir découvert de si belles choses. Enapprenant comment il doit ouvrir la bouche pour pro-noncer A ; comment il doit rapprocher les mâchoires pourprononcer E ; comment louverture de sa bouche fait un. 62 CAUSERIES AVEC MES ÉLÈVES. petit rond quand il prononce la lettre 0, îi a été priadenthousiasme ; il sest écrié devant ces merveilleuses décou-vertes : Vive la science ! puis ^ Ah ! que cela est beau !Ah ! la belle chose que de savoir quelque chose ! Etenfin dans son transport, il veut faire une confidence àson professeur. Ecoutons-le, et nous aurons aussi la con-fidence. M. Jourdain. —Il faut que je vous fasse une confidence. Jesuis amoureux dune personne de grande qualité, et je souhaiteraisque vous m^aidassiez à lui écrire quelque chose dans un petit billetque je veux laisser tomber à ses pieds. Le Maître de Philosophie. — Fort bien ! M. Jourdain. — Ce sera galant, oui ? Le Maître de Philosophie. — Sans doute. Sont-ce des versque vous lui voulez écrire ? M. Jourdain. — Non, non ; point de vers. Le Maître de Philosophie. — Vous ne voulez que de laprose ? M. Jourdain. — Non, je ne veux ni prose ni vers. Le Maître de Phi


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