Le vieux Montmartre . faut sortir dans la pluie, le froid, laneige fondue, les chevaux glissent, les automobilesdérapent. Il y a bien les promenades au Bois lematin, quand le temps est sec et quun clair soleilajoute sa note pimpante à lélégance des fourrureset des toilettes dhiver, au sentier de la vertu; maiscest là un plaisir assez conventionnel et les luxueu-ses demeures à chauflage égal et central naurontjamais le charme accueillant et protecteur de cespetites maisons de la Butte, oii comme à la campa-gne, le fourneau allumé prend une grande impor-tance et devient comme le centre de lexist


Le vieux Montmartre . faut sortir dans la pluie, le froid, laneige fondue, les chevaux glissent, les automobilesdérapent. Il y a bien les promenades au Bois lematin, quand le temps est sec et quun clair soleilajoute sa note pimpante à lélégance des fourrureset des toilettes dhiver, au sentier de la vertu; maiscest là un plaisir assez conventionnel et les luxueu-ses demeures à chauflage égal et central naurontjamais le charme accueillant et protecteur de cespetites maisons de la Butte, oii comme à la campa-gne, le fourneau allumé prend une grande impor-tance et devient comme le centre de les chambres bien closes, dans les ateliersaux vitrages gelés, la chaleur crée une intimitétrès douce et très prenante. Pour les gens de là-hautpoint nest besoin de courir chaque jour, à travers 418 LE VIEUX MONTMARTKE le mauvais temps et très tranquillement ils restentchez eux, ou bien saventurent jusque chez un ami,un bon voisin chez lequel ils retrouvent le même etconfortable inté La neige sest abattue sur la Butte. Elle recou-vre les vieux toits; la place du Tertre semble unmouchoir de poche, des contreforts de la rue Cortotsont agrandis encore par cet épais manteau blanc etles rues qui descendent à pic sont transformées en LE VIEUX MONTMARTRE 119 dangereuses glissoires. On monte les escaliers etla neige colle aux talons à mesure quon gravit lesmarches, lorsquon arrive en haut on traîne touteune charge; les soldats en manœuvres dans leschamps labourés connaissent bien cette joie. Les enfants sont à lécole. Près de la fontaine,des femmes les bras rouges et nus lemplissent deauleurs seaux de fer. A travers les vitres toutesembuées du café, on aperçoit des groupes dhommesqui causent et gesticulent dans la fumée. La portesouvre pour laisser passer un client et avec lebruit des conversations et le choc des verres, par-vient une bouffée dair chaud et lourd. Les pas dansla neige laissent des traces régulières qui se croi-sent eu


Size: 1396px × 1790px
Photo credit: © The Reading Room / Alamy / Afripics
License: Licensed
Model Released: No

Keywords: ., bookcentury1900, bookdecade1910, bookidlevieuxmontm, bookyear1915