Le Monde moderne . lourdes. La poitrine du jeune homme se sou-leva ; il porta la main à ses yeux : — Non, dit-il sourdement, je suis unréprouvé, tout est fini ! Il courut dans le couloir. — Je retourne ;i lombre, je lui appar-tiens, comme toi à la lumière, adieu. Un cri sauvage doiseau écrasé sous lepied fît vibrer les vitres ilu |>(-lit salon. — Jacques I Aline lavait rejoint sur le seuil, etses doigts convulsifs élreignirenl le brasde son mari. — Tu disque la lumière le fait peur!Eh bien, je renonce à la lumière, je tesuivrai dans lombre. lOlle aspira lair avec clfort, et, dunevoix rauque


Le Monde moderne . lourdes. La poitrine du jeune homme se sou-leva ; il porta la main à ses yeux : — Non, dit-il sourdement, je suis unréprouvé, tout est fini ! Il courut dans le couloir. — Je retourne ;i lombre, je lui appar-tiens, comme toi à la lumière, adieu. Un cri sauvage doiseau écrasé sous lepied fît vibrer les vitres ilu |>(-lit salon. — Jacques I Aline lavait rejoint sur le seuil, etses doigts convulsifs élreignirenl le brasde son mari. — Tu disque la lumière le fait peur!Eh bien, je renonce à la lumière, je tesuivrai dans lombre. lOlle aspira lair avec clfort, et, dunevoix rauque : — Tuas \olé, je volei-ai aussi; maisje ne le quitterai pas ! •—\oler, toi?... Tu dis, voler?...Aline l voler ?... Les yeux de Jacques ellroyablemenlouverts regardaient la jeune femme avecstupeur. — Oh ! non, non 1 Le visage implacable de lhomme sedétendit, ses traits se contraclèrenl enun S|)asmc dangoisse, lne visiiui men-lale, rapide comme un scinlillement Il; Tilt liK détoile, lui montra son égoïsnie cruel,son orgueil qui salTublait dun masquede délicatesse pour repousser le salutque lui apportait celte femme. Il comprit tout ce quelle avait souf-fert, quelle force damour elle avait dé-pensée dans son œuvre de rédemption. expiant plus cruellement quunforçat sa faute à lui. Pourquoi refusait-il son sa-crilice? Il comprit la voluptéun amour planant sur toutesles conventions terrestres, cetamour de lâme dun autre quiconduisit Jésus sur la croix;lamour qui sauve ; lamour quirachète le pécheur, car toutpéché est un acte défini, passa-ger, tandis que lamour estinfini,éternel, immuable. Jacques sinclina devant Aline,ses doigts tremblants effleurèrentle bord de la robe blanche; iléclata en sanglots, des larmesimpétueuses denfant qui sait quil serabientôt consolé; il sentit, selon lexpres-sion profonde de lEcriture, quil dé-pouillait le vieil homme et qu un hommenouveau naissait en lui. Pour la première fois il ai


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