. Gazette des beaux-arts . de se plaindreque les artistes cédaient au mauvais goût du public, quils avaient tortde sy laisser entraîner, que ce goût exerçait la plus fâcheuse influencesur lart. Puisque le goût du public est mauvais, chose depuis si longtempsconstatée, on devait bien savoir quen ouvrant le Salon tous les ans onexposait les artistes à subir plus entièrement cette fâcheuse croire quon avait pris le meilleur moyen délever le niveaude lart? On se figurait, sans doute, quen soutenant lart inférieur, lamasse médiocre, en lui ouvrant les portes toutes grandes, en lat
. Gazette des beaux-arts . de se plaindreque les artistes cédaient au mauvais goût du public, quils avaient tortde sy laisser entraîner, que ce goût exerçait la plus fâcheuse influencesur lart. Puisque le goût du public est mauvais, chose depuis si longtempsconstatée, on devait bien savoir quen ouvrant le Salon tous les ans onexposait les artistes à subir plus entièrement cette fâcheuse croire quon avait pris le meilleur moyen délever le niveaude lart? On se figurait, sans doute, quen soutenant lart inférieur, lamasse médiocre, en lui ouvrant les portes toutes grandes, en lattirant,en lui donnant la conduite des affaires artistiques, on allait faire brillerdautant plus les mérites de lécole et tout éteindre alentour par la com-paraison avec son éclat. On na pas pensé que les Salons annuels attiraient une foule de mal-heureux dans une carrière pour laquelle ils nétaient pas faits. LÉtatles y retient ensuite en leur distribuant de petites commandes de 600,800, 1,200 POETKAIT DE aBETTA, PAR M, HEALY. (Dessin de M. T. de Mare.] 366 GAZETTE DES BEAUX-ARTS. On na pas pensé que les Salons annuels servaient à multiplier les pla^giats, les imitations, à confondre sous un niveau commun et abaisserpresque tous les artistes, à supprimer loriginalité. On travaille pourfaire du bruit au Salon, comme un marchand qui prend une enseignevoyante. On ne travaille pas par instinct, goiit, conscience dart, maispour tâcher dengager des affaires à cette bourse, à cette halle des ta-bleaux. Si quelque artiste trouve un sujet, une facture qui semblentplaire, il est aussitôt dévalisé. Dun Salon à lautre, on na pas le temps de penser, et cest de lartà culture forcée, sous cloche, hors saison, quon y apporte. Il faut agir avec netteté et énergie. Il en est temps. Lan dernier, on voulait espacer les Salons. Un article dun journalredouté a tout mis en déroute, et la campagne commencée contre leSalon annuel a fini dérisoirement.
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