. Souvenirs d'un otage; . nt après. Aulieu dêtre entassés à dix, dans une casemate obs-cure et sans air, on mettait à notre dispositiondeux pièces, hautes et larges, chacune avec cinqlits. De véritables lits, — je veux dire avec un ma-telas, un sommier et des draps — des draps ?Avec cela, plus de barreaux aux fenêtres, plusde verrous aux portes, plus de sentinelles dansle couloir. Cétait le paradis 1 Pendant que Deloche et Coquerele, toujours dé-voués, faisaient nos lits et que, par les fenêtresde nos deux chambres communicantes, nous re-gardions la ville, un de nos nouveaux voisins, unAnglais


. Souvenirs d'un otage; . nt après. Aulieu dêtre entassés à dix, dans une casemate obs-cure et sans air, on mettait à notre dispositiondeux pièces, hautes et larges, chacune avec cinqlits. De véritables lits, — je veux dire avec un ma-telas, un sommier et des draps — des draps ?Avec cela, plus de barreaux aux fenêtres, plusde verrous aux portes, plus de sentinelles dansle couloir. Cétait le paradis 1 Pendant que Deloche et Coquerele, toujours dé-voués, faisaient nos lits et que, par les fenêtresde nos deux chambres communicantes, nous re-gardions la ville, un de nos nouveaux voisins, unAnglais, frappa à la porte. Il venait amiablementnous souhaiter la bienvenue. — Je suis heureux de votre transfert à Celle,nous dit-il. Il convient de rendre justice même àdes adversaires. La vérité est quici on est trèsbien. Tout est défendu, mais tout est toléré. Il nous apprit notamment que lon pouvaitcommuniquer de chambre en chambre et que, àla condition de se soumettre aux prescriptions. s esu — 159 — du règlement, nous pouvions aller et venir libre-ment dans lenceinte du château. Enfin, nousrespirions ! Chacun de nous sendormit en fai-sant des rêves dorés. Le château de Celle renfermait deux cent vingtprisonniers français, anglais, russes ou plus grande partie était nos compatriotes. Lebruit sétait vite répandu, dans le château, queles dix otages nationaux arrivaient. Tout lemonde voulait les voir. Le lendemain matin, cefut chez nous un défilé. Plusieurs dentre nousreconnurent des amis. M. Motte, le grand indus-triel de Roubaix, se jeta dans les bras de M. Tré-pont. Parmi les détenus se trouvaient des ingé-nieurs de la manufacture de Saint-Gobain, desprêtres du Nord, M. de Fourmestraux, profes-seur de français en Allemagne avant la guerre ;M. Cormorant, le sympathique commissaire deTergnier ; M. Maby, secrétaire de M. Mouthonà la préfecture de police. On devine ces effusions,ces poignées de mains, ces cris


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