Proses décadentes . ne 14 PROSES DÉCADENTES chanterelle qui se brise, une voix mur-mura : — Jétais la pudeur des femmes, etjétais la sauvegarde des maris qui sa-vaient leur honneur suffisamment cade-nassé dans la prison de ma les agaceries des bas chavireursde vertu et des jupons semeurs de désirsvenaient piteusement échouer devant le« tu niras pas plus loin » de ma citadelleinexpugnable. Le Canapé lui-même nepouvait rien contre moi. Il fallait la com-plicité du Lit pour me vaincre. Le Lit?cest-à-dire la chute préméditée et réso-lue, cest-à-dire cette décision qui nhabitejamais
Proses décadentes . ne 14 PROSES DÉCADENTES chanterelle qui se brise, une voix mur-mura : — Jétais la pudeur des femmes, etjétais la sauvegarde des maris qui sa-vaient leur honneur suffisamment cade-nassé dans la prison de ma les agaceries des bas chavireursde vertu et des jupons semeurs de désirsvenaient piteusement échouer devant le« tu niras pas plus loin » de ma citadelleinexpugnable. Le Canapé lui-même nepouvait rien contre moi. Il fallait la com-plicité du Lit pour me vaincre. Le Lit?cest-à-dire la chute préméditée et réso-lue, cest-à-dire cette décision qui nhabitejamais lesprit flottant des femmes tapremière fois. Mais un jour, une perverse suvint quidun large coup de ciseaux troua monbouclier. — Qui donc es-tu, toi qui te lamentes,senquit le Canapé qui ne ricanaitplus?... PROSES DÉCADENTES 15 Et la voix répondit, plaintive et mélo-dieuse comme la vibration chevrottantedune chanterelle qui se brise : — Je suis lâme du Pantalon fermé. ^SSS^ BEGAIEMENTS. ans la rue sombre, oùle soleil a peine à seglisser, à travers leshautes cheminées empa-nachées de floconne-ments bleuâtres;Dans la rue étroite rare-ment prise pour raccourci parles fiacres qui lignorent ; Dans la rue tranquille dontmême pas les sergots, deuxpar deux, ne viennent troublerle morne silence de leur prome-nade rhytmique ; 18 PROSES DÉCADENTES Sur le trottoir rubanesque de la ruesombre, étroite et tranquille ; Dans un obscur recoin du trottoir ru-banesque, une gamine de huit ans estassise, à plat sur le bitume, les jambesécartées et les poings sur ses cuissesgrêles. Dun œillimpide, dont pas le moindreéclair de curiosité ne vient troubler lazur,elle suit la main dun garçonnet de dix ansqui, très rouge et le regard allumé, des-sine à la craie, sur le trottoir, danslangle de ses jambes, que fait frissonnercette audace dobscénité, un priape hir-sute, cambré, énorme, monstrueuse-ment vrai dans le balbutiement de cetteébauche. Et pen
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