. Paris à table . J. de la Salle, directeur de la scène, habitaient ensemble une maison,rue Madame. Chacun des habitants de lendroit élevait un ani-mal : Janin avait une chèvre; M. Harel possédait un cochon,mais le plus aimable cochon quon pût voir ; aussi le gentil ani-mal faisait-il les délices de son maître quil ne quittait jamais ;il le suivait à table et dans sa chambre, où il couchait: cétaitun cochon à porter des manchettes. Un jour, mademoiselleGeorges et Janin tinrent con-seil; tous deux admiraient lecochon ; ses grâces enfantines,son grognement mélodieux,sa chair rose sous ses soies


. Paris à table . J. de la Salle, directeur de la scène, habitaient ensemble une maison,rue Madame. Chacun des habitants de lendroit élevait un ani-mal : Janin avait une chèvre; M. Harel possédait un cochon,mais le plus aimable cochon quon pût voir ; aussi le gentil ani-mal faisait-il les délices de son maître quil ne quittait jamais ;il le suivait à table et dans sa chambre, où il couchait: cétaitun cochon à porter des manchettes. Un jour, mademoiselleGeorges et Janin tinrent con-seil; tous deux admiraient lecochon ; ses grâces enfantines,son grognement mélodieux,sa chair rose sous ses soiesblanches, sa forme ronde, ap-pétissante et grassouillette. Ilfut décidé quun tel animalétait, par ses charmes mêmes,destiné au festin; Janin cita plusieurs passages de lOdyssée,pour prouver que le cochon était, dans les temps héroïques, unmanger de demi-dieux : immoler ce cochon, cétait faire unacte méritoire. Le sacrifice du cochon fut résolu. M. Harel était absent; on tua la victime. 21. 82 PARIS A TABLE. Le directeur rentra avec un appétit denfer ; les répétitionslavaient affamé. En arrivant au logis commun, il fut surprisde lair de fêle qui régnait dans la maison ; le couvert était miset avait des attraits qui annonçaient lintention de plaire. On se mit à table ; des boudins bouillants et des saucissesdorées sur le gril accompagnaient le bœuf; M. Harel leur fîtle meilleur accueil. # Ces mets, quil ne quitta quà regret, furent suivis par uneentrée de ragoût quil fêta vigoureusement; une langue à lasauce piquante vint fort à propos pour rendre à son appétitune énergie qui pouvait faiblir. Enfin, un rôt de porc frais,merveilleusement coloré par le feu, fumant, onctueux et bril-lant, vint mettre le comble a sa félicité; tout était tendre, àmiracle. M. Harel, charmé, se félicitait de lexcellente chère quil avaitfaite, et, dans ses extases, il ne saperçut pas des sombres re-gards que Janin et mademoiselle Georges échange


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