. Dans les marches Tibetaines autour du Dokerla Novembre 1906-Janvier 1908 . ntrer de lhumeur, 140 DANS LES MARCHES TIBÉTAINES me souhaitaient bon voyage, avec un grandsalut. Quand nous approchons du sommet dela passe, mes soldats tibétains commen-cent à chanter une prière. Ils ont missionde me protéger et croient prudent, avecsimplicité, de me rendre les esprits favo-rables. Le col est habité par des génies puis-sants, qui envoient de grands maux auxpassants impies et les tuent par des chutesmortelles dans les abîmes. Cest à cessournois habitants de lair que sadresse lacontinuelle prière des


. Dans les marches Tibetaines autour du Dokerla Novembre 1906-Janvier 1908 . ntrer de lhumeur, 140 DANS LES MARCHES TIBÉTAINES me souhaitaient bon voyage, avec un grandsalut. Quand nous approchons du sommet dela passe, mes soldats tibétains commen-cent à chanter une prière. Ils ont missionde me protéger et croient prudent, avecsimplicité, de me rendre les esprits favo-rables. Le col est habité par des génies puis-sants, qui envoient de grands maux auxpassants impies et les tuent par des chutesmortelles dans les abîmes. Cest à cessournois habitants de lair que sadresse lacontinuelle prière des drapeaux écrits quele vent agite sur la crête. Nous sommes 44600 mètres brumes enveloppent les autres mon-tagnes. Sous nos pieds le sol est si fuyantquon se dirait isolé dans le vide sur cetilôt aigu de lames et daiguilles rocheuses. Au début du printemps, avant la fin desneiges, de pieux insensés saventurent surle Dokerla. Ils sattachent à la corde commeles alpinistes et vont lâme sereine à lac-cident inévitable. Cest par grappes quils. LE DOKERLA 141 glissent dans le vide et senfouissent pêle-mêle dans leur sépulture de neige. Cettemort est très recherchée par les dévots. Les habitants de Londjré, où nous arri-vons dans la nuit, vont chaque année, aprèsla fonte des neiges^ visiter les gouffres duDokerla et dépouillent les morts de leursbijoux dargent. Ils sont chargés par Lha-sa de la police de la frontière et doiventbarrer la route aux étrangers. On leur laisseen échange leur sinistre droit dépaves. Lesgens de Londjré sont peu bienveillants etleurs maisons inhospitalières. Je finis manuit dans une grande pièce sans cheminée,cest-à-dire sans trou dans le toit. Il y apourtant un foyer au milieu, et le plafondest chargé de suie qui pend en longuesstalactites comme des lambeaux de ouatenoire. Les murs en sont capitonnés; ilvous tombe sur le visage des paquets defumerons impalpables qui sécrasent aumoindre souffle. Nous


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