Histoire de la révolution de 1848 . vail. « Alors, M. de Lamartine, irrité à son tour etprovoqué par une sommation si impérieuse,reprit, dun ton altier : « Que mes collèguesfassent sur ce point ce quils jugeront utile;quant ;\ moi, je le déclare, fussé-je menacé demille morts, fussé-je conduit par vous en facede ces canons chargés à mitraille qui sont làsous nos fenêtres, jamais je ne signerai undécret que je ne saurais comprendre. » Puis,baissant un peu le ton et radoucissant les in-flexions de sa voix, il mit la main sur le brasde louvrier, pour mieux semparer de sonattention, et, tout en lu
Histoire de la révolution de 1848 . vail. « Alors, M. de Lamartine, irrité à son tour etprovoqué par une sommation si impérieuse,reprit, dun ton altier : « Que mes collèguesfassent sur ce point ce quils jugeront utile;quant ;\ moi, je le déclare, fussé-je menacé demille morts, fussé-je conduit par vous en facede ces canons chargés à mitraille qui sont làsous nos fenêtres, jamais je ne signerai undécret que je ne saurais comprendre. » Puis,baissant un peu le ton et radoucissant les in-flexions de sa voix, il mit la main sur le brasde louvrier, pour mieux semparer de sonattention, et, tout en lui accordant que le vœudu peuple était légitime et méritait dêtre prisen considération, il tenta de nouveau de lepersuader. Il lui peignit, en traits éloquents,la situation critique du gouvernement en proieà mille soucis, obligé de pourvoir à la fois àtous les besoins; il lui montra la Républiqueen danger, ses ennemis aux portes; il insistasur ce quun aussi grand jjroblèmo que celui DEUXIEME PARTIE KÎO. tE GOinTRNE^inVT FBOVr?On . cnvMBrtF. p !25) du droit au travail ne pouvait être résolu sansla concours et lavis de tous les hommes com-pétents, de tous les républicains éclairés enqui le peuple avait mis sa confiance. A mesure que M. de Lamartine, de plus enplus calme, développait sa pensée, Marche,troublé dans sa conviction, hésitant, insensi-blement ému, gagné, se tournait vers les dé-légués venus avec lui comme pour leur deman-der conseil. Ceux-ci, hommes de bonne foi etde sincérité, se rendaient à la voix de la rai-son et sautorisaient lun lautre, du regard etdu geste, à ne point insister. Marche les com-prit. Eh bien! oui, sécria-t-il enfin, nousattendrons. Nous aurons confiance dans notregouvernement, puisquil a confiance en nous ;le peuple attendra; il met trois mois de misèreau service de la République. « Chose étrange ! pendant que M. de Lamar- tine dissuadait les ouvriers dune mesure pré-maturée, pendant que les
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