Revue pittoresque : musée littéraire . anglotait, et ses yeux navaient pas delarmes. Dans lexcès de sa douleur elle portaitses mains k sa tète; mais, ô douleur! trouvantson crâne nu et dépouillé, ses deux mains recu-laient épouvantées, comme si elles eussent tou-ché un fer chaud. D EN DETAIL. 117 Elle vécut encore vin;.l jouis avec sa deni,vingt jours bien tristes et bien sombres, vingtjours sans que personne lui accordât un mot da-mitié ou un sourire; car elle avait (icidu les seulsprotecteurs que lui eut donnés la nature, son sou-rire et ses beaux cheveux; elle avait vendu lesdeux amis de sa
Revue pittoresque : musée littéraire . anglotait, et ses yeux navaient pas delarmes. Dans lexcès de sa douleur elle portaitses mains k sa tète; mais, ô douleur! trouvantson crâne nu et dépouillé, ses deux mains recu-laient épouvantées, comme si elles eussent tou-ché un fer chaud. D EN DETAIL. 117 Elle vécut encore vin;.l jouis avec sa deni,vingt jours bien tristes et bien sombres, vingtjours sans que personne lui accordât un mot da-mitié ou un sourire; car elle avait (icidu les seulsprotecteurs que lui eut donnés la nature, son sou-rire et ses beaux cheveux; elle avait vendu lesdeux amis de sa jeunesse, ornements peu coû-teux et charmants, et que rien ne pouvait rem-placer; elle avait porté ses mains sur elle-même,plus il plaindre et plus malheureuse mille foispar ce suicide en détail que toutes les jeunes (illesqui meurent en bloc et tout entières victimes dunamour malheureux. Aussi, allant un jour dans uncimetière elle dit au losso>eur : Celle qui a là desHeurs sur sa tombe est moins morte que Et puis le fatal compagnon qui ue sétait éloi-gné que de lépaisseur dun cheveu et de la lar-geur dune dent, la misère revenait sur ses pas;et revenue plus livide et plus mince que jamais,elle déployait ses grandes ailes de chauve-sourisautour de la malheureuse fille ; elle comptait sesdents une à une, ses cheveux un à un; mais lamisère navait plus de dents ii acheter, plus decheveux a faire vendre. Dailleurs, que lui im-porte ? Trouver des ressources, ce nest pas sonaffaire; quand elle tient un pauvre diable k lagorge, cest au pauvre diable à sen délivrer partous les moyens : plus sa victime est engourdie,plus la misère dort en paix sur son sein. A la fin, chassée de son grenier, et nempor-tant de cet asile que le fragment de son miroir,comme on emporte un remords, la pauvre filleallait dans la rue, et elle revint chez la vieille,qui était en train de faire son repas. La vieillemangeait un potage dans une porcelaine ébré-cliée
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