Le gage touché: histoires galantes et comiques . dis à un demes gens de demander à une voifînequi étoit fur fa porte j le nom du 4(S Le Gage Touché, maître de ce laquais ; le mien merapporta quil sappelloit MoniîeurP. P. Enfuite jabordai moi - mêmece laquais , & lui dit : Mon ami,faites-moi le plaifir de me dire com-ment le porte Mademoifelle P. Il£t un grand foupir, & me dit : Hélas 1Monfieur, elle mourut hier au foir,& nous nattendons que nos habitsde deuil pour en faire les funé réponfe me furprit, de forteque je demeurai comme fi jeuffe étéfrappé de la foudre ; & fans pouvoirp


Le gage touché: histoires galantes et comiques . dis à un demes gens de demander à une voifînequi étoit fur fa porte j le nom du 4(S Le Gage Touché, maître de ce laquais ; le mien merapporta quil sappelloit MoniîeurP. P. Enfuite jabordai moi - mêmece laquais , & lui dit : Mon ami,faites-moi le plaifir de me dire com-ment le porte Mademoifelle P. Il£t un grand foupir, & me dit : Hélas 1Monfieur, elle mourut hier au foir,& nous nattendons que nos habitsde deuil pour en faire les funé réponfe me furprit, de forteque je demeurai comme fi jeuffe étéfrappé de la foudre ; & fans pouvoirparler davantage, je me retirai chezmoi, oii faifant de férieufes réflexionsfur cette mort inopinée, je difois enmoi-m.ême : Nai-je donc connu tantdappas, que pour en regretter aufîi-tôt la perte ? & faut-il que ma mau-vaife fortune , de concert avec lamort pour me perfécuter , enlevéaujourdhui le plus beau chef-dœu-vre de la nature ? Ces penfées maf-iligerent tellement, que tous mes ^^ /^/•/fc 2- P. Hijîoires Galantes, j^j amis sapperçurent de mon chagrin ,& firent leurs efforts pour me di-vertir. Un foir que je me retirois feulafTez tard ( nous étions pour lors dansie carnaval) jentendis la voix dunefemme qui, par une fenêtre,demandaà demi-bas êtes-vous là ? Oui, dis-je :recevez donc le paquet,ajouta-t-elle,en le iaiiTant tomber. Je ne doutai pasque ce ne fut un vol domeftique : dansle deflein que javois de le rendre lelendemain , je reculai fix pas en ar-rière , pour voir fi je pouvois remar-quer la maifon; mais en vam, la nuitétant trop obfcure. Je mapprochaide la porte pour fentir à tâtons fi jytrouverois quelque chofe de remar-quable : en mapprochant, japperçusfous la même fenêtre doù javois reçule paquet, une perfonne qui mayant3uffi apperçu , séloigna de moi. Cevol eft concerté, dis-je en moi-même,^ lombre cjui vient de paroître n é- 4^ Le Gage Touché^ toit venue que pour avoir le paquetque je tiens. Je mapprochai de lap


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