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Rodin fut certainement impressionné par l’Ugolin de Jean-Baptiste Carpeaux (1861, musée d’Orsay), célèbre groupe dramatique dont le sujet est tiré de La Divine Comédie de Dante. Vingt ans plus tard, après avoir reçu la commande de La Porte de l’Enfer, il dessina plusieurs fois ce thème dantesque cher à ses aînés romantiques : fait prisonnier, rendu fou par la faim, Ugolin dévore ses enfants morts, ce qui lui vaut la damnation. Dans son groupe pour La Porte de l'Enfer, Rodin représente le drame juste avant qu’il n’atteigne son paroxysme : Ugolin rampe sur le corps de ses enfants mourants, mais il n’a pas encore totalement cédé à ses pulsions bestiales. Nu, grimaçant, à genoux, cet homme désespéré touche le fond de la dignité humaine ; une pose aussi humiliante est profondément originale dans l’art de cette époque. Rodin plaça ce groupe en bonne place dans La Porte, puis choisit d’en faire également une œuvre autonome. Rodin disait que la Divine Comédie ne le quittait pas : il en avait toujours un exemplaire dans sa poche. Il illustre avec cette sculpture l’un des épisodes les plus noirs de l’immense poème de Dante. Ugolin erre, dénué de toute dignité humaine, réduit à l’état de bête. “Maigre, décharné, les côtes saillant sous la peau que nouent les apophyses, la bouche vide et la lèvre molle, d’où semble tomber au contact de la chair une bave de fauve affamé, il rampe, ainsi qu’une hyène qui a déterré des charognes, sur les corps renversés de ses fils dont les bras et les jambes inertes pendent çà et là dans l’abîme” (Octave Mirbeau, Auguste Rodin)”


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Location: musée Rodin Paris
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