. La comédie humaine. meur qui pronostiquait une tristeréception au prêtre de qui elle voulut sans doute éviterles persécutions par une explication courte et franche. La marquise avait perdu sa mère en bas âge, et sonéducation fut naturellement influencée par le relâchementqui, pendant la Révolution, dénoua les liens religieux enFrance. La piété est une vertu de femme que les femmesseules se transmettent bien, et la marquise était un enfant LA FEMME DE TRENTE ANS. 89 du dix-huitième siècle dont les croyances philosophiquesfurent celles de son père. Elle ne suivait aucune pratiquereligieuse. Po


. La comédie humaine. meur qui pronostiquait une tristeréception au prêtre de qui elle voulut sans doute éviterles persécutions par une explication courte et franche. La marquise avait perdu sa mère en bas âge, et sonéducation fut naturellement influencée par le relâchementqui, pendant la Révolution, dénoua les liens religieux enFrance. La piété est une vertu de femme que les femmesseules se transmettent bien, et la marquise était un enfant LA FEMME DE TRENTE ANS. 89 du dix-huitième siècle dont les croyances philosophiquesfurent celles de son père. Elle ne suivait aucune pratiquereligieuse. Pour elle, un prêtre était un fonctionnaire pu-blic dont lutilité lui paraissait contestable. Dans la situa-tion où elle se trouvait, la voix de la religion ne pouvaitquenvenimer ses maux; puis, elle ne croyait guère auxcurés de village, ni à leurs lumières; elle résolut donc demettre le sien à sa place, sans aigreur, et de sen débar-rasser à la manière des riches, par un bienfait. Le curé. vint, et son aspect ne changea pas les idées de la mar-quise. Elle vit un gros petit homme à ventre saillant, àfigure rougeaude, mais vieille et ridée, qui affectait desourire et qui souriait mal ; son crâne chauve et transver-salement sillonné de rides nombreuses retombait en quartde cercle sur son visage et le rapetissait; quelques che-veux blancs garnissaient le bas de la tête au-dessus de lanuque et revenaient en avant vers les oreilles. Néanmoins,la physionomie de ce prêtre avait été celle dun hommenaturellement gai. Ses grosses lèvres, son nez légèrementretroussé, son menton, qui disparaissait dans un double pO SCÈNES DE LA VIE PRIVEE. pli de rides, témoignaient dun heureux caractère. Lamarquise naperçut dabord que ces traits principaux;mais, à la première parole que lui dit le prêtre, elle futfrappée par la douceur de cette voix; elle le regarda plusattentivement, et remarqua sous ses sourcils grisonnantsdes yeux qui avaient pleuré


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