. Maria Chapdelaine : récit du Canada français. il révélait un changementsubtil, quelque signe nouveau qui faisait de cettefemme couchée, aveuglée et gémissante, une créaturetoute différente de leur femme et de leur mère quilsavaient connue si longtemps. Une demi-heure passa : le père Chapdelaine seleva brusquement, après un nouveau regard vers lafenêtre. — Je vas atteler, èbe hocha la tête. — Cest correct : vous ferez aussi bien datteler ;le jour va venir. De même M. le curé sera icitte pourmidi. — Oui, je vas atteler, répéta le père au moment de partir il semblait


. Maria Chapdelaine : récit du Canada français. il révélait un changementsubtil, quelque signe nouveau qui faisait de cettefemme couchée, aveuglée et gémissante, une créaturetoute différente de leur femme et de leur mère quilsavaient connue si longtemps. Une demi-heure passa : le père Chapdelaine seleva brusquement, après un nouveau regard vers lafenêtre. — Je vas atteler, èbe hocha la tête. — Cest correct : vous ferez aussi bien datteler ;le jour va venir. De même M. le curé sera icitte pourmidi. — Oui, je vas atteler, répéta le père au moment de partir il semblait se rendre compte tout à coup quil se préparait à remplir unemission lugubre et solennelle en allant chercher leSaint-Sacrement, qui annonce la mort, et il hésitaitun peu, comme au seuil dune étape irrémédiable. — Je vas atteler. Il se balança dun pied sur Tautre, jeta un dernierregard sur la malade, et sortit enfin. Le jour vint, et bientôt après le vent se leva etcommença à mugir autour de la maison. 206. — Voilà le norouà qui prend : il va y avoir unetempête, dit TitSèbe. Maria tourna les yeux vers la fenêtre et soupira. — Et justement il a neigé il y a deux jours : çava poudrer, certain ! Les chemms étaient déjà méchants;son père et M. le curé vont avoir de la misère. Le remmancheur secoua la tête. — Ils auront peut-être un peu de misère en route ;mais ils arriveront pareil. Un prêtre qui apporte leSaint-Sacrement, cest fort ! Ses yeux doux étaient remplis dune foi sans borne. — Cest fort, un prêtre qui apporte le Saint-Sacrement, répéta-t-il. Voilà trois ans passés, on mavaitappelé pour soigner un malade en bas de la rivièreMistassini ; jai vu de suite que je ne pouvais pas leguérir, alors jai dit quon aille quérir un prêétait la nuit et il ny avait pas dhommes dans lamaison, vu que cétait le père qui était malade de même,et que les garçons étaient tout petits. Alors jy ai étémoi-mê


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