. Histoire d'un casse-noisette . le crépusculecommençait à descendre,Fritz et Marie, qui, de toutela journée, navaient pu entrer dans le grand salondapparat, se tenaient accroupis dans un petit coinde la salle à manger. Tandis que mademoiselle Trudchen, leur gouver-nante, tricotait près de la fenêtre, dont elle sétaitapprochée pour recueillir les derniers rayons dujour, les enfants étaient pris dune espèce de terreurvague, parce que, selon lhabitude de ce joursolennel, on ne leur avait pas apporté de lumière;de sorte quils parlaient bas comme on parle quandon a un petit peu peur. « Mon frère,


. Histoire d'un casse-noisette . le crépusculecommençait à descendre,Fritz et Marie, qui, de toutela journée, navaient pu entrer dans le grand salondapparat, se tenaient accroupis dans un petit coinde la salle à manger. Tandis que mademoiselle Trudchen, leur gouver-nante, tricotait près de la fenêtre, dont elle sétaitapprochée pour recueillir les derniers rayons dujour, les enfants étaient pris dune espèce de terreurvague, parce que, selon lhabitude de ce joursolennel, on ne leur avait pas apporté de lumière;de sorte quils parlaient bas comme on parle quandon a un petit peu peur. « Mon frère, disait Marie, bien certainement papaet maman soccupent de notre arbre de Noël ; car,depuis le matin, jentends un grand remue-ménagedaus le salon, où il nous est défendu dentrer 14 HISTOIRE D UN CASSE-NOISETTE. — Et moi, dit Fritz, il y a dix minutes à peuprès que jai reconnu, à la manière dont Turcaboyait, que le parrain Drosselmayer entrait dansla maison. — 0 Dieu ! sécria Marie en frappant ses deux. petites mains lune contre lautre, que va-t-il nousapporter, ce bon parrain? Je suis sûre, moi, que cesera quelque beau jardin tout planté darbres, avecune belle rivière qui coulera sur un gazon brodé defleurs. Sur cette rivière, il y aura des cygnes dar-gent avec des colliers dor, et une jeune fille qui LE PARRAIN DROSSELMAYER. leur apporle-a (àes massepains quils viendrontmanger jusque dans son tablier. — Dabord, dil Frilz, de ce Ion doctoral qui luiétait particulier, et que ses parents reprenaient enlui comme un de ses plus graves défauts, voussaurez, mademoiselle Marie, que les cygnes nemangent pas de massepains. — Je le croyais, dit Marie; mais, comme tu as unan et demi de plus quemoi, tu dois en savoirplus que je nen sais. » Fritz se rengorgea. « Puis, reprit-il, jecrois pouvoir dire que,si parrain Drossel-mayer apporte quelque chose, ce sera une forteresse, avec des soldats pourla garder, des canons pour la défendre, et des enne-mis


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