La Lecture . tins, chercher le mauvais pain et la viande de cheval, pen-dant des semaines,pendant des mois,jusquà lheure de latrouée certaine oùParis rejoindrait en-fin la province à tra-vers larmée alle-mande disperséétait cette affirma-tion qui était faitepar les discuteurs desgroupes, si volubiles,aux yeux si était elle encore ettoujours qui sortait,la nuit, des capu-chons rabattus sur lesvisaij;es des hommes,des mantes, des ca-pelines, des mou-choirs dont senve-loppaient les fem-mes. Et des petitsquon ne voyait pas, enfouis dans les rangs, proclamaient aussi,avec des voix rie


La Lecture . tins, chercher le mauvais pain et la viande de cheval, pen-dant des semaines,pendant des mois,jusquà lheure de latrouée certaine oùParis rejoindrait en-fin la province à tra-vers larmée alle-mande disperséétait cette affirma-tion qui était faitepar les discuteurs desgroupes, si volubiles,aux yeux si était elle encore ettoujours qui sortait,la nuit, des capu-chons rabattus sur lesvisaij;es des hommes,des mantes, des ca-pelines, des mou-choirs dont senve-loppaient les fem-mes. Et des petitsquon ne voyait pas, enfouis dans les rangs, proclamaient aussi,avec des voix rieuses et raueuses, quils refusaient de se rendre. Tous ceux qui ont connu ces jours nont pas entendu autrechose. Il ny avait donc pas à être surpris, au soir du trente-unoctobre, du défilé, qui dura des heures, de tous les sombresbataillons en vareuses, fusils luisants sous la pluie, mar-chent dun pas accéléré vers un centre qui était lPIôtel-de-Ville, avec lidée édante de sauver Félix lyat. 3% LA LECTURE ILLUSTREE Je revois cette place, noire de foule. Je revis cette soirée tiède,cette pluie, les lumières qui couraient aux vitres, les arrivéesininterrompues de bataillons. Je me rappelle une ondulation quicourut cette foule armée, dans la nuit de six heures du soir, lors-que lon dit que Blanqui était entré, occupait lHôtel-de-Ville, etquil allait donner des ordres. Toutes les journées de 1848 sévo-quaient par des noms dindividus, les mêmes que vingt-deuxans auparavant, et par la foule anonyme, la même aussi quiessayait encore instinctivement de changer son sort. Mais combienla réalité de ce soir doctobre était plus belle et plus poignanteque lhistoire ressuscitée par les plus beaux livres, avec sonincertitude, avec le grand inconnu que lon sentait dans le noir,au loin, vers la campagne mystérieuse où grondait toujours lavoix menaçante de la guerre. CLXLI Blanqui était entré, en effet, aussitôt quil avait été prévenude ce


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