Le diable amoureux, roman fantastique . oide allait les dissiper : je fis un effortsur moi. Il faut que notre âme soit bien vaste et ait unprodigieux ressort; une multitude de sentiments,didées, de réflexions touchent mon cœur, pas-sent dans mon esprit, et font leur impression tou-tes à la fois. La révolution sopère, je me rends maître dema terreur. Je fixe hardiment le spectre. « Que prétends-tu toi-même, téméraire, en temontrant sous cette forme hideuse? » Le fantôme balance un moment : « Tu mas demandé, dit-il dun ton de voix plusbas. — Lesclave, lui dis-je, cherche-t-il à ef-frayer son maî


Le diable amoureux, roman fantastique . oide allait les dissiper : je fis un effortsur moi. Il faut que notre âme soit bien vaste et ait unprodigieux ressort; une multitude de sentiments,didées, de réflexions touchent mon cœur, pas-sent dans mon esprit, et font leur impression tou-tes à la fois. La révolution sopère, je me rends maître dema terreur. Je fixe hardiment le spectre. « Que prétends-tu toi-même, téméraire, en temontrant sous cette forme hideuse? » Le fantôme balance un moment : « Tu mas demandé, dit-il dun ton de voix plusbas. — Lesclave, lui dis-je, cherche-t-il à ef-frayer son maître? Si tu viens recevoir mes or-dres, prends une forme convenable et un tonsoumis. — Maître, me dit le fantôme, sous quelle 18 LE DIABLE AMOUREUX. forme me présenterai-je pour vous être agréa-ble? » La première idée qui me vint à la tête étantcelle dun chien : «Viens, lui dis—je, sous la figuredun épagneul. » A peine avais-je donné lordre, lépouvan-table chameau allonge le col de seize pieds de. longueur, baisse la tête jusquau milieu du sa-lon, et vomit un épagneul blanc à soies fineset brillantes, les oreilles traînantes jusquàterre. La fenêtre sest refermée, toute autre vision adisparu, et il ne reste sous la voûte, suffisammentéclairée, que le chien et moi. LE DIABLE AMOUREUX. 19 Il tournait tout autour du cercle en remuantla queue, et faisant des courbettes. « Maître, me dit-il, je voudrais bien vous lé-cher lextrémité des pieds ; mais le cercle redou-table qui vousenvironne merepousse. » Ma confianceétait montéejusquà lauda-ce : je sors ducercle, je tendsle pied, le chienle lèche; je faisun mouvementpour lui tirerles oreilles, ilse couche surle dos commepour me demander grâce ; je vis que cétait unepetite femelle. « Lève-toi, lui dis-je; je te pardonne : tu voisque jai compagnie; ces messieurs attendent àquelque distance dici ; la promenade a dû les al-


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