Le diable amoureux, roman fantastique . lle en avait létat sur la lacquittai. Je sortais avec un sang-froid appa-rent; elle me demanda mes ordres, je nen euspas a lui donner, et elle se remit tranquillement àson ouvrage; elle me tournait le dos. Je lobservaiquelque temps ; elle semblait très-occupée, et ap-portait à son travail autant dadresse que dactivité. Je revins rêver dans ma chambre. « Voilà, di-sais-je, le pair de ce Caldéron, qui allumait lapipe àSoberano, et quoiquil ait lair très-distin-gué, il nest pas de meilleure maison. Sil ne se LE DIABLE AMOUREUX. 59 rend ni exigeant,


Le diable amoureux, roman fantastique . lle en avait létat sur la lacquittai. Je sortais avec un sang-froid appa-rent; elle me demanda mes ordres, je nen euspas a lui donner, et elle se remit tranquillement àson ouvrage; elle me tournait le dos. Je lobservaiquelque temps ; elle semblait très-occupée, et ap-portait à son travail autant dadresse que dactivité. Je revins rêver dans ma chambre. « Voilà, di-sais-je, le pair de ce Caldéron, qui allumait lapipe àSoberano, et quoiquil ait lair très-distin-gué, il nest pas de meilleure maison. Sil ne se LE DIABLE AMOUREUX. 59 rend ni exigeant, ni incommode, sil na pas deprétentions, pourquoi ne le garderais-je pas? Ilmassure, dailleurs, que pour le renvoyer il nefaut quun acte de ma volonté. Pourquoi me pres-ser de vouloir tout à lheure, ce que je puis vou-loir à tous les instants du jour? » On interrompitmes réflexions en mannonçant que jétais me mis à table. Biondetta, en grande livrée,était derrière mon siège, attentive à prévenir mes. besoins. Je navais pas besoin de me retournerpour la voir; trois glaces disposées dans le salon 60 LE DIABLE AMOUREUX. répétaient tous ses mouvements, Le dîner fini, ondessert; elle se retire. Laubergiste monte, la connaissance nétait pasnouvelle. On était en carnaval ; mon arrivée na-vait rien qui dût le surprendre. Il me félicita surlaugmentation de mon train, qui supposait unmeilleur état dans ma fortune, et se rabattit surles louanges de mon page, le jeune homme le plusbeau, le plus affectionné, le plus intelligent, leplus doux quil eût encore vu. Il me demanda sije comptais prendre part aux plaisirs du carnaval:cétait mon intention. Je pris un déguisement etmontai clans ma gondole. Je courus la place; jallai au spectacle, auRidolto. Je jouai, je gagnai quarante sequins etrentrai assez tard, ayant cherché de la dissipationpartout où javais cru pouvoir en trouver. Mon page, un flambeau à la main, me reçoitau bas de lescalier


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