Aymeris : roman . ce qui nous est défendu chez nous, même de la peintureun peu bizarre. — Oui, je sais ce que les étrangers apprécient en France ; or nousavons autre chose que des bouffons et des irréguliers, lui assurai-je, sinous ne faisons parade que de ceux-ci. Et jexaltai les vertus de lavieille et saine bourgeoisie. Cynthia me demanda si ces deux filles Ayme-ris étaient un exemple que je lui donnerais de notre « classe sociale ».Elle ajouta : — Votre bourgeoisie est, avec litalienne, ce quil y a deplus (( dull » ici-bas; étant très attachée à M. Aymeris, je me suis pro-posé, comme un dev


Aymeris : roman . ce qui nous est défendu chez nous, même de la peintureun peu bizarre. — Oui, je sais ce que les étrangers apprécient en France ; or nousavons autre chose que des bouffons et des irréguliers, lui assurai-je, sinous ne faisons parade que de ceux-ci. Et jexaltai les vertus de lavieille et saine bourgeoisie. Cynthia me demanda si ces deux filles Ayme-ris étaient un exemple que je lui donnerais de notre « classe sociale ».Elle ajouta : — Votre bourgeoisie est, avec litalienne, ce quil y a deplus (( dull » ici-bas; étant très attachée à M. Aymeris, je me suis pro-posé, comme un devoir de mon affection, de le faire voyager : il ne fautpas quil se laisse ressaisir par des habitudes qui étoufferaient son(( génie ». Songeait-elle aussi au mariage? Mrs Merrymore navait pu, pendant son séjour à Longreuil etmalgré lair détaché quelle affectait devant nous, feindre tant, que jene la jugeasse éprise de Georges. Quelques semaines auparavant, lors dune promenade avec les 316. demoiselles Aymeris, comme Georges, las, voulait rentrer, au bout dunkilomètre de marche, Cynthia avait pris son bras et sy était appuyéeplus que de nécessaire. Je métais prévalu de ses conseils hygiéniques,pour lui insinuer quune femme légitime, seule, réglerait lexistence deGeorges Aymeris. Lili et Caro applaudirent, si elles poussèrent quel-ques soupirs. Mrs Merrymore était silencieuse, je lui demandai quelleétait la cause de sa tristesse. Elle prononça comme un axiome, après unde ses « Oh ! » effarouchés : — Monsieur, un artiste ne devrait jamais se marier! Un grandartiste surtout, nappartient quà lui-même, son œuvre lui suffit. Aucunefemme intelligente noserait simposer à lui, et peut-on se renoncer? Javais cité des épouses admirables, Mme Michelet, Mme Renan,Mme Fantin-Latour. Jignorais alors les lettres dAymeris à Mrs Merrymore et lor-gueil nobiliaire de notre gentille camarade. Devenue presque rose, elle avait dit à Georges : — Mo


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