Benjamin Rozes : nouvelle naturalistes . quet,dont les lames cirées à outrance, malgré lé-paisseur des volets fermés, luisaient comme dela glace. Dans un coin, sous une housse, unpiano ressemblait à un catafalque. Deux tapisneufs, lun devant la cheminée, lautre auxpieds dun antique bahut, rappelaient vague-ment lOrient, ses marchandises à vil prix. Uncanapé, quelques fauteuils, six chaises se mor-fondaient le long des murs; et juste au centredune table à trois pieds, ornée dun marbre,entre des albums de photographie : celui desétrangers, celui de la famille ! un palmier nainattaqué de névrose


Benjamin Rozes : nouvelle naturalistes . quet,dont les lames cirées à outrance, malgré lé-paisseur des volets fermés, luisaient comme dela glace. Dans un coin, sous une housse, unpiano ressemblait à un catafalque. Deux tapisneufs, lun devant la cheminée, lautre auxpieds dun antique bahut, rappelaient vague-ment lOrient, ses marchandises à vil prix. Uncanapé, quelques fauteuils, six chaises se mor-fondaient le long des murs; et juste au centredune table à trois pieds, ornée dun marbre,entre des albums de photographie : celui desétrangers, celui de la famille ! un palmier nainattaqué de névrose se dépêchait de vivre au-dessus dun cache-pot trop petit, badigeonné? de fleurs champêtres. Un tel affaissement chez un ancien notaire. BENJAMIN ROZES son mari, homme dhumeur égale, stupéfiait]\^me Rozes, la laissait rêveuse. — Benjamin, à quoi penses-tu? demandâ-t-elle tout à coup. Lui, la tête pleine de tourments, tracassépar une légère douleur du côté de lestomac,poussa un nouveau soupir, répondit :. — A je me contente de il ajouta, la voix creuse : — Jai un bothriocéphale!... à mon âge!...moi! Nest-ce pas ridicule? — Mon Dieu, murmura la bonne dame;comme tu te fais de la bile ! BENJAMIN ROZES Sous les fenêtres du salon, à chaque instant,des voitures, des charrettes passaient avecfracas, mais les curiosités de M. Rozes ne sui-vaient plus leurs pérégrinations sur les che-mins poussiéreux, dans les paysages connus;et il névoquait ni le visage des voyageurs, ni legrand fouet sautillant des cochers, ni le caho-tement des capotes secouées par les vieux res-sorts des guimbardes. — Mon pauvre Benjamin!... mon pauvreBenjamin ! répétait M^^ Rozes. De lennui tombait des corniches, emplis-sait latmosphère du salon; M^ Rozes bâillaitderrière sa main. Le tic-tac de la pendule, surla cheminée, allait un train denfer, et parfoissemblait sortir des lampes à ses côtés, parfoisdu piano, parfois dune chaise, tou


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