La comédie humaine . os bétail et des chevaux, car on avait géné-ralement trouvé, par le nettoyage du terrain, sept poucesde terre végétale que la dépouille annuelle des arbres,les engrais apportés par le pacage des bestiaux, et surtoutleau de neige contenue dans le bassin du Gabou, devaientenrichir constamment. Cette année, madame Graslin jugeanécessaire de donner un précepteur à son fils, qui avaitonze ans : elle ne voulait pas sen séparer, et voulait néan- LE CURE DE VILLAGE. 239 moins en faire un homme instruit. Monsieur Bonnet écrivitau séminaire. Madame Grasim, de son côté, dit quelquesm


La comédie humaine . os bétail et des chevaux, car on avait géné-ralement trouvé, par le nettoyage du terrain, sept poucesde terre végétale que la dépouille annuelle des arbres,les engrais apportés par le pacage des bestiaux, et surtoutleau de neige contenue dans le bassin du Gabou, devaientenrichir constamment. Cette année, madame Graslin jugeanécessaire de donner un précepteur à son fils, qui avaitonze ans : elle ne voulait pas sen séparer, et voulait néan- LE CURE DE VILLAGE. 239 moins en faire un homme instruit. Monsieur Bonnet écrivitau séminaire. Madame Grasim, de son côté, dit quelquesmots de son désir et de ses embarras à monseigneur Du-theil, nommé récemment archevêque. Ce fut une grandeet sérieuse affaire que le choix dun homme qui devaitvivre pendant au moins neuf ans au château. Gérard sétaitdéjà offert à montrer les mathématiques à son ami Francis;mais il était impossible de remplacer un précepteur, et cechoix à faire épouvantait dautant plus madame Grashn,. quelle sentait chanceler sa santé. Plus les prospérités deson cher Montégnac croissaient, plus elle redoublait lesaustérités secrètes de sa vie. Monseigneur Dutheil, avecqui elle correspondait toujours, lui trouva lhomme quellesouhaitait. II envoya de son diocèse un jeune professeurde vingt-cinq ans, nommé Ruffin, un esprit qui avait pourvocation lenseignement particulier; ses connaissancesétaient vastes; il avait une âme dune excessive sensibilitéqui nexcluait pas la sévérité nécessaire à qui veut con-duire un enfant; chez lui, la piété ne nuisait en rien à la 24o SCÈNES DE LA VIE DE CAMPAGNE. science; enfin il était patient et dun extérieur agréable.«Cest un vrai cadeau que je vous fais, ma chère fille,écrivit le prélat; ce jeune homme est digne de faire lédu-cation dun prince; aussi compté-je que vous saurez luiassurer un sort, car il sera le père spirituel de votre fils.» Monsieur Ruffin plut si fort aux fidèles amis de ma-dam


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