. La comédie humaine. chance de me rappeler à son » — Et vous estimeriez une femme capable de garderdes souvenirs de toutes les paroisses? dit Modeste. Modeste, surprise de ne pas recevoir une réponse deCanalis, attribua cette inattention au bruit des chevaux. — Comme vous vous plaisez à tourmenter ceux quivous aiment! lui dit le duc. Cette noblesse, cette fierté dé-mentent si bien vos écarts que je commence à soupçonnerque vous vous calomniez vous-même en préméditant vosméchancetés. — Ah! vous ne faites que vous en apercevoir, mon- MODESTE MIGNON. 251 sieur le duc, dit-elle en rian


. La comédie humaine. chance de me rappeler à son » — Et vous estimeriez une femme capable de garderdes souvenirs de toutes les paroisses? dit Modeste. Modeste, surprise de ne pas recevoir une réponse deCanalis, attribua cette inattention au bruit des chevaux. — Comme vous vous plaisez à tourmenter ceux quivous aiment! lui dit le duc. Cette noblesse, cette fierté dé-mentent si bien vos écarts que je commence à soupçonnerque vous vous calomniez vous-même en préméditant vosméchancetés. — Ah! vous ne faites que vous en apercevoir, mon- MODESTE MIGNON. 251 sieur le duc, dit-elle en riant. Vous avez précisément laperspicacité dun mari! On fit presque un kilomètre en silence. Modeste sétonnade ne plus recevoir la flamme des regards de Canalis quiparaissait un peu trop épris des beautés du paysage pourque cette admiration fût naturelle. La veille, Modeste mon-trant au poëte un admirable effet de coucher de soleil enmer, lui avait dit en le trouvant interdit comme un sourd :. ai vu aue «Eh ! bien, vous navez donc pas vu? — Je n ^ votre main,» avait-il répondu. — Monsieur La Brière sait-il monter à cheval? de-manda Modeste à Canahs pour le taquiner. — Pas très bien, mais il va, répondit le poëte devenufroid comme létait Gobenheim avant le retour du colonel. Dans une route de traverse que monsieur Mignon fitprendre pour aller, par un joli vallon, sur une colline quicouronnait le cours de la Seine, Canalis laissa passer Mo-deste et le duc, en ralentissant le pas de son cheval demanière à pouvoir cheminer de conserve avec le colonel. 2^2 SCENES DE LA VIE PRIVEE. — Monsieur le comte, vous êtes un loyal militaire,aussi verrez-vous sans doute dans ma franchise un titre àvotre estime. Quand les propositions de mariage, avectoutes leurs discussions sauvages, ou trop civilisées si vousvoulez, passent par la bouche des tiers, tout le monde yperd. Nous sommes lun et lautre deux gentilshommesaussi discrets lun que lautre, e


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