Maria Chapdelaine : récit du Canada français . ! Marche donc !cria-t-il de sa grande voix rude. Le vieux cheval planta dans la neige semi-liquide les crampons de ses sabots et sen allavers la rive par bonds, avec de grands coups decollier. Au moment où ils atterrissaient uneplaque de glace vira un peu sous les patins dutraîneau et senfonça, laissant à sa place untrou deau claire. Samuel Chapdelaine se retourna. —Nous serons les derniers à traverser, cettesaison, dit-il. Et il laissa son cheval souffler un peu avantde monter la côte. Bientôt après ils quittèrent le grand cheminpour un autre qui


Maria Chapdelaine : récit du Canada français . ! Marche donc !cria-t-il de sa grande voix rude. Le vieux cheval planta dans la neige semi-liquide les crampons de ses sabots et sen allavers la rive par bonds, avec de grands coups decollier. Au moment où ils atterrissaient uneplaque de glace vira un peu sous les patins dutraîneau et senfonça, laissant à sa place untrou deau claire. Samuel Chapdelaine se retourna. —Nous serons les derniers à traverser, cettesaison, dit-il. Et il laissa son cheval souffler un peu avantde monter la côte. Bientôt après ils quittèrent le grand cheminpour un autre qui senfonçait dans les à nétait guère plus quune piste rudi-mentaire encore encombrée de racines, et quidécrivait de petites courbes opportunistes pouréviter les rochers ou les souches. Il grimpa unemontée, serpenta sur un plateau au milieu du MARIA C II A r D E L A I N E 23 bois brûlé, laissant parfois un aperçu sur ladescente du flanc abrupt, les masses de pierredu rapide, le versant opposé qui devenait plus. Hormisdas — Qui veut acheter un beau jeune cochon de magrandrace? (page 6). haut et plus escaiT)é au-dessus de la chute, puisrentrant dans la désolation des arbres couchésà terre et des chicots noircis. 24 MARIA CHAPDELAINE Des coteaux de pierre, une fois contournés,semblèrent se refermer derrière eux; les brû-lés firent place à la foule sombre des épinetteset des sapins; les montagnes de la rivière Alecse montrèrent deux ou trois fois dans le loin-tain; et bientôt les voyageurs perçurent à lafois un espace de terre défriché, une fumée quimontait, les jappements dun chien. —Ils vont être contents de te revoir, Maria,dit le père Chapdelaine. Tout le monde sestennuyé de toi. II Lheure du souper était venue que Marianavait pas encore fini de répondre aux ques-tions, de raconter, sans en omettre aucun, lesincidents de son voyage, de donner les nou-velles de Saint-Prime et de Péribonka, et toutesles autres nouvel


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