Maria Chapdelaine : récit du Canada français . s vers lemidi, où lon pouvait croire que rien nétaitchangé : la moisson encore sur pied, le décoréternel des bois dépinettes et de sapins, ettoujours les mêmes couchants mauve et gris,orange et mauve, les mêmes cieux pâles au-dessus de la campagne Seulementlherbe commença à se montrer, au matin, blan-che de givre, et presque de suite les premièresgelées sèches vinrent, qui brûlèrent et noirci-rent les feuilles des plants de pommes de terre. Puis la première pellicule de glace fit sonapparition sur un abreuvoir; fondue à la cha-leur de la


Maria Chapdelaine : récit du Canada français . s vers lemidi, où lon pouvait croire que rien nétaitchangé : la moisson encore sur pied, le décoréternel des bois dépinettes et de sapins, ettoujours les mêmes couchants mauve et gris,orange et mauve, les mêmes cieux pâles au-dessus de la campagne Seulementlherbe commença à se montrer, au matin, blan-che de givre, et presque de suite les premièresgelées sèches vinrent, qui brûlèrent et noirci-rent les feuilles des plants de pommes de terre. Puis la première pellicule de glace fit sonapparition sur un abreuvoir; fondue à la cha-leur de laprès-midi, elle revint quelques joursplus tard, et une troisième fois la même se-maine. Les sautes de vent incessantes conti-nuaient bien à faire alterner les journées tièdesde pluie avec ces matins de gel; mais chaquefois que le nord-ouest reprenait, il était un MARIA CHAPDELAIKE 103 peu plus froid, cousin un peu plus proche dessouffles glacés de lhiver. Partout lautomneest mélancolique, chargé du regret de ce qui. Edwige Légaré sétait attaqué seul à une souche (page 61). sen va et de la menace de ce qui sen vient;mais sur le sol canadien, il est plus mélanco-lique et plus émouvant quailleurs, et pareil à 104 MARIA C H A P D E L A I N E la mort dun être humain que les dieux rap-pellent trop tôt, sans lui donner sa juste partde vie. A travers le froid qui venait, les premièresgelées, les menaces de neige, lon retardaitpourtant et lon remettait de jour en jour lamoisson, pour permettre au pauvre grain dedérober encore un peu de force aux sucs de laterre et au tiède soleil. Il fallut moissonnerpourtant, car octobre venait. Lavoine et le bléfurent coupés et mis en grange sous un cielclair, sans éclat, au temps où les feuilles desbouleaux et des trembles commencent à jaunir. La récolte de grain fut médiocre; mais lesfoins avaient été beaux, de sorte que lannéedans son ensemble ne méritait ni transportsde joie ni doléances. Et


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