La Lecture . e lavait trahi. — Madame, — dit Cornalin de sa plus belle voix, une foisquitte du baise-main,—je vous remets les pouvoirs mondainsque vous maviez confiés. Puissent-ils ne pas tomber en des mainstrop profanes! Ma place nest plus ici, mais mon respect de-meure pour toujours à vos pieds. Il se redressa de sa façon très noble, le plastron impeccable^sans rougeur, sans une ride. Puis, dune hauteur sereine, il pro-mena sur les groupes son regard dau delà, tourna lentementsur lui-même et, la tête droite, sortit de son pas de commandeur. Il y eut une surprise silencieuse. On sécarta devan


La Lecture . e lavait trahi. — Madame, — dit Cornalin de sa plus belle voix, une foisquitte du baise-main,—je vous remets les pouvoirs mondainsque vous maviez confiés. Puissent-ils ne pas tomber en des mainstrop profanes! Ma place nest plus ici, mais mon respect de-meure pour toujours à vos pieds. Il se redressa de sa façon très noble, le plastron impeccable^sans rougeur, sans une ride. Puis, dune hauteur sereine, il pro-mena sur les groupes son regard dau delà, tourna lentementsur lui-même et, la tête droite, sortit de son pas de commandeur. Il y eut une surprise silencieuse. On sécarta devant lui. Unsouffle froid passa et fit vaciller les lumières. Les pans de fracsagitèrent. Pour la dernière fois, toutes les Cornalines eurent le petitfrisson. XIII LA DERNIÈRE CORNALINE Au retour, dans le fiacre cahotant par les rues sombres et dé-sertes, lénergie qui avait soutenu le grand homme labandonna. ^Autour de lui, leffondrement. En lui, un vide immense. Ainsi, I LES CORNALINES !). Coinalin poussi a porte avc> sa i-aniic. (Pa-e r,I3.) L. I. — 12 II - 39 niO LA LECTURE ILLUSTRÉE cétait fini : il avait rompu avec ses Cornalines, il avait renoncé,dans un indomptable élan dorgueil et de dépit, à ce qui, depuisdix ans, faisait les délices de sa vie. Et cétait ce singe arima-rant, ce cabotin de petit théâtre, vil pantin animé par la rancunedu prince, qui lui volait les regards attentifs et les sourirescharmés de ses douces amies! Une poussée brutale de ce maigreavorton lavait ébranlé sur son socle, lui lImmortel, lui le demi-dieu! Devant lodieuse parodie, vengeance plate machinée danslombre, comme elles avaient ri, les cruelles! Chaque bravoadressé au pitre était comme un soufflet lancé à sa face demarbre ! Et dans la nuit du fiacre, sous ses yeux encore dilatés, lal-tesse se dressait, impérieuse, glaciale, énigmatique, superbe demépris; puis cétait la marquise, avec léblouissement narquoisde ses dents merveilleuses ; puis,


Size: 1327px × 1883px
Photo credit: © The Reading Room / Alamy / Afripics
License: Licensed
Model Released: No

Keywords: ., bookcentury1800, bookdecade1880, bookids2lalecture0, bookyear1887