. Maria Chapdelaine : récit du Canada français. son et dela terre, de jeunes hommes lui demandaient à lépou-ser. Et il fallait quelle dît : « oui » à celui-là, « non »à Si François Paradis ne sétait pas écarté sansretour dans les grands bois désolés, tout eût été naurait pas eu à se demander ce quil lui fallaitfaire : elle serait allée droit vers lui, poussée par uneforce impérieuse et sage, aussi sûre de bien faire quuneenfant qui obéit. Mais il était parti ; il ne reviendraitpas comme il lavait promis, ni au printemps, ni plustard, et M. le curé de Saint-Henri avait déf
. Maria Chapdelaine : récit du Canada français. son et dela terre, de jeunes hommes lui demandaient à lépou-ser. Et il fallait quelle dît : « oui » à celui-là, « non »à Si François Paradis ne sétait pas écarté sansretour dans les grands bois désolés, tout eût été naurait pas eu à se demander ce quil lui fallaitfaire : elle serait allée droit vers lui, poussée par uneforce impérieuse et sage, aussi sûre de bien faire quuneenfant qui obéit. Mais il était parti ; il ne reviendraitpas comme il lavait promis, ni au printemps, ni plustard, et M. le curé de Saint-Henri avait défendu decontinuer par un long regret la longue attente. Oh! mon Dou ! Quel temps merveilleux cavaitété que le commencement de cette attente ! Quelquechose se gonflait et souvrait dans son cœur de semaineen semaine, comme une belle gerbe riche dont lesépis sécartent et se penchent, et une grande joievenait vers elle en Non, cétait plus vif etplus fort que cela. Cétait pareil à une grande flamme- l8o. lumière aperçue dans un pays triste, à la brunante,une promesse éclatante vers laquelle on marche, ou-bliant les larmes qui avaient été sur le point de veniren disant dun air de défi : « Je savais Jesavais bien quil y avait quelque part dans le mondequelque chose comme cela. » Fini. Oui, cétait il fallait faire semblant de navoir rien vu,et chercher laborieusement son chemin, en hésitant,dans le triste pays sans mirage. Le père Chapdelaine et TitBé fumaient sans riendire, assis près du poêle ; la mère tricotait des bas ;Chien, couché sur le ventre, la tête entre ses pattesallongées, clignait doucement des yeux, jouissant dela bonne chaleur. Télesphore sétait endormi, soncatéchisme ouvert sur les genoux, et la petite Aima-Rose, qui était encore éveillée, elle, hésitait depuisplusieurs minutes déjà entre un grand désir de faireremarquer la paresse inexcusable de son frère et lahonte d
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