Collection complete des oeuvres de , citoyen de Geneve . e sappaifoit avec tantde peine que pour fe faire appaifer plus long-tems. Jentirois occafîon de lui tenir des propos affez tendres en pa-roiffant me moquer de lui ; cétoit à qui des deux feroit leplus enfant. Un jour quen ton abfence il jouoit aux échecsavec ton mari, & que je jouois au volant avec la Fanchondans la même falle, elle avoit le mot & jobfervois notrePhilofophe. A fon air humblement fier & à la promptitudede fes coups, je vis quil avoit beau jeu. La table étoitpetite , & léchiquier débordoit. Jattendis le moment,


Collection complete des oeuvres de , citoyen de Geneve . e sappaifoit avec tantde peine que pour fe faire appaifer plus long-tems. Jentirois occafîon de lui tenir des propos affez tendres en pa-roiffant me moquer de lui ; cétoit à qui des deux feroit leplus enfant. Un jour quen ton abfence il jouoit aux échecsavec ton mari, & que je jouois au volant avec la Fanchondans la même falle, elle avoit le mot & jobfervois notrePhilofophe. A fon air humblement fier & à la promptitudede fes coups, je vis quil avoit beau jeu. La table étoitpetite , & léchiquier débordoit. Jattendis le moment, &fons paroître y tâcher, dun revers de raquette je renverfaîléchec-&:-mat. Tu ne vis de tes jours pareille colère, ilétoit fi furieux que lui ayant laifTé le choix dun fouffletou dun baifer pour ma pénitence, il fe détourna quandje lui préfentai la joue. Je lui demandai pardon; il fut in-flexible : il mauroit laiffée à genoux fi je my étoisraife. Je finis par lui faire une autre pièce qui lui fit. oublier la,,.- ^ H E L O I s E. VI. Partie. 3^1 oublier la première , Se nous fûmes meilleurs amis quejamais. Avec une autre méthode , infailliblement je men feroismoins bien tirée , & je mappcrçus une fois que fi le jeufût devenu férieux, il eût pu trop lêtre. Cétoit un foirquil nous accompagnoit ce duo fi fimple ôc fi touchant deLéo, vado a morir , i^nn mio. Tu chantois avec alTez denégligence, je nen faifois pas de même; &, comme javoisune main appuyée fur le clavecin , au moment le plus pa-thétique & où jétois moi-même émue, il appliqua fur cettemain un baifer que je fentis fur mon cœur. Je ne connoispas bien les baifers de lamour , mais ce que je peux tedire, celt que jamais lamitié , pas même la nôtre , nena donné ni reçu de fembîable à celui-là. Hé bien! monenfant, après de pareils momens que devient-on quand onsen va rêver feule , & quon emporte avec foi leur fouve-nir ? Moi , je troublai la mufique, il falut danfer ,


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