L'Art et les moeurs en France . deschefs-dœuvre, ce sont aussi dinestimables documents. De ces peintres de la vie familière sous Louis XV, leplus significatif comme expression, le plus puissantcomme technique, fut éon Chardin. Des qualitésdu peintre, du don de la couleur, la nature qui len avaitdoué, est seule responsable ; du choix de ses sujets, ilfaut féliciter son bon sens de bourgeois qui voit droit etjuste. En art, comme en toute chose, on ne parle bien quede ce quon sait. Chardin parla des vertus et de lespritde sa caste ; aussi en fut-il lhistorien incomparable. Ilne mit pas d
L'Art et les moeurs en France . deschefs-dœuvre, ce sont aussi dinestimables documents. De ces peintres de la vie familière sous Louis XV, leplus significatif comme expression, le plus puissantcomme technique, fut éon Chardin. Des qualitésdu peintre, du don de la couleur, la nature qui len avaitdoué, est seule responsable ; du choix de ses sujets, ilfaut féliciter son bon sens de bourgeois qui voit droit etjuste. En art, comme en toute chose, on ne parle bien quede ce quon sait. Chardin parla des vertus et de lespritde sa caste ; aussi en fut-il lhistorien incomparable. Ilne mit pas dans son œuvre des conceptions auxquellesson éducation et son milieu le rendaient étranger. Ilpeignit sa propre vie, sa famille, ses amis, sa maison ;aussi cet œuvre survit-il de toute làme que lartiste y ainsufflée en se racontant lui-même. Jean-Baptiste-Siméon Chardin, né à Paris en 1699, mou-rut en 1779; il traversa donc le xviii® siècle tout entierpuisque ce siècle se termine ou plutôt sécroule en 1789,. PEINTRES DE LA BOURGEOISIE ET DU PEUPLE io3 avec la Révolution. Il fut un véritable parisien de naquit rue de Seine, vécut la première partie de sonexistence rue Princesse, acheva lautre dans les Galeriesdu Louvre et fut enterré à Saint-Germain TAuxerrois. Ilne quitta sa ville quune seule fois, pour un voyage à Fon-tainebleau qui fut peut-être le seul événement de sa jeu-nesse. Son père, menuisier du Roi, fabriquait des billardspour Versailles. Cétait un personnage considérable danssa profession, propriétaire de la maison quil habitait,syndic de sa corporation, chef de famille universellementestimé dans son quartier. Comme il destinait son fils à son métier, il ne lui fitpas faire ses humanités. Chardin regretta toute sa viecette lacune déducation que toute son intelligence dar-tiste ne parvint jamais à combler. Sa vocation de peintrese révéla de bonne heure ; son père lutta contre elle, natu-rellement, et, naturellement a
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