Gazette des beaux-arts . les citadins, ceux qui se plaisent dans les boudoirset les ateliers, sur le boulevard ou au théâtre; les voyageurs, ceux quipréfèrent les courses au grand air, les étapes proches ou lointaines, parmiles paysans de France, dItalie, dEspagne, de Suisse, ou les populationsprimitives de lAsie et de lAfrique. Mais ce que nous pouvons, à bondroit, réclamer de tous, cest la sincérité fine ou naïve de lobservation,-cest la franchise, la fermeté, le soin de lexécution. A ce point de vue,en ce moment, nos peintres mondains, dont le faire est, en général, lâché,fade, prétentieux,
Gazette des beaux-arts . les citadins, ceux qui se plaisent dans les boudoirset les ateliers, sur le boulevard ou au théâtre; les voyageurs, ceux quipréfèrent les courses au grand air, les étapes proches ou lointaines, parmiles paysans de France, dItalie, dEspagne, de Suisse, ou les populationsprimitives de lAsie et de lAfrique. Mais ce que nous pouvons, à bondroit, réclamer de tous, cest la sincérité fine ou naïve de lobservation,-cest la franchise, la fermeté, le soin de lexécution. A ce point de vue,en ce moment, nos peintres mondains, dont le faire est, en général, lâché,fade, prétentieux, se montrent très-inférieurs à leurs confrères nomadesqui vont réchauffer leur palette aux rayons fortifiants du soleil. M. Bonnat, dont le pinceau ferme et un peu pesant sest toujours pluaux solides empâtements, a trempé, en Orient, sa peinture robuste dansun bain de lumière chaude et dorée qui la revêtue dun éclat hardi etnouveau. Ses deux tableaux sont deux exemples frappants de cette puis-. VlU. — 2 IMiKIODE. 50 GAZETTE DES BEAUX-ARTS. sance de lexécution pittoresque, qui transfigure, par le seul enchante-ment des yeux, les personnages les plus vulgaires. Le Barbier turc et leScherzo, que nous ne prenons dailleurs que pour des figures détude depremier ordre, sont de ces excellents modèles qui, certainement, ne per-dront personne. Que de naturel dans lattitude, le mouvement, lexpres-sion des deux figures du Barbier turc, du patient accroupi, dans son man-teau rayé, sur la haute banquette, offrant son crâne ati rasoir de lexécuteurà turban accomplissant sa besogne avec une gravité naïve ! Quel éclat devérité, de santé, de gaieté, dans ce Scherzo qui ne représente, après tout,quune de ces belles Italiennes, dépaysées dans les ateliers parisiens,faisant jouer sur ses genoux sa sœur cadette, avec cette joie ouverte, large,conmuinicative, quelles ont conservée comme un souvenir du pays ! Quelques-uns des touristes que leur caprice
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