Histoire d'un paysan . e dix minutes le conseil vint rendra/a sentence. Un fort piquet entoura les pillards,& tous ensemble partirent du côté des remparts,Nous les regardions sen aller, & tout le mondefrémissait; ils venaient dêtre condamnés à mort!Quelques minutes après nous entendîmes la dé^charge. $6 Histoire dun paysan. Le général alors dit que lhonneur de larméeétait sauf. Les régiments & les bataillons ren-trèrent dans leurs casernes & le pillage fut ar-rete. Moi, javais un grand poids sur le cœur; oui,jétais triste, & pourtant aussi content de savoirque ma sœur était à Spire, mariée ave


Histoire d'un paysan . e dix minutes le conseil vint rendra/a sentence. Un fort piquet entoura les pillards,& tous ensemble partirent du côté des remparts,Nous les regardions sen aller, & tout le mondefrémissait; ils venaient dêtre condamnés à mort!Quelques minutes après nous entendîmes la dé^charge. $6 Histoire dun paysan. Le général alors dit que lhonneur de larméeétait sauf. Les régiments & les bataillons ren-trèrent dans leurs casernes & le pillage fut ar-rete. Moi, javais un grand poids sur le cœur; oui,jétais triste, & pourtant aussi content de savoirque ma sœur était à Spire, mariée avec ungueux, cest vrai, mais quest-ce que je pouvaisy fairer Enfin, ce même soir, jallai à la cantinedu 3* bataillon des fédérés de Paris. Il y avaitsept ans que Lisbeth avait grimpé la côte desBaraques, son petit paquet à la main, pour allerchez Toussaint, à Wasselonne : cétait mainte-nant une grande & forte femme, les yeux vifs âla ligure hardie comme notre mè Histoire dun paysan. 57 III. Le troisième bataillon des sections armées deParis logeait sur le port. Je vis, en approchantdu Rhin, de grands hangars qui servaient àmettre les marchandises en dépôt, avant de lesembarquer sur le fleuve : cétait la caserne desfédérés. Ils avaient sous ces hangars, fermésaux deux bouts par de grosses bâches, des bancs,des chaises, & de la paille en quantité, pourse reposer à leur aise. Ils chantaient, ils bu-vaient, ils jouaient aux cartes, tous jeunes &vieux, en bonnets rouges ou chapeaux à cornes;& cest là que je reconnus la vérité de ce queChauvel nous avait raconté du peuple pari-sien, qui vit partout comme dans ses , sans sinquiéter du reste. Cest une racede gens petite, sèche, maigre, pâle, hardie& sans gène; des êtres qui ne seront jamaisbons soldats, paixe quils raisonnent toujours,& quils se moquent de tout, & particulière- (fS Histoire dun paysan. ment de leurs supérieurs. Ce nest pas


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