. Mémoires et lettres galantes de madame du Noyer (1663-1720) Avant propos et notes Arnelle. s. Un pareil procédé déconcerta toute las-semblée. La dame méprisée en crevait de dépit, lorsquesa fiUe, qui était une petite personne très jolie, la vengeapleinement. Ennuyée dun si long silence, elle se levatout dun coup, et, après sêtre approchée du duc, elle semit à crier de toute sa force : « Ah, mon Dieu, maman,M. de Roquelaure est mort ! » Cette saillie réveilla touslès. esprits. On demanda à la petite fille ce quelle vou-lait dire. — « Mais oui, insistait-elle, il est mort. Nevoyez-vous pasbien
. Mémoires et lettres galantes de madame du Noyer (1663-1720) Avant propos et notes Arnelle. s. Un pareil procédé déconcerta toute las-semblée. La dame méprisée en crevait de dépit, lorsquesa fiUe, qui était une petite personne très jolie, la vengeapleinement. Ennuyée dun si long silence, elle se levatout dun coup, et, après sêtre approchée du duc, elle semit à crier de toute sa force : « Ah, mon Dieu, maman,M. de Roquelaure est mort ! » Cette saillie réveilla touslès. esprits. On demanda à la petite fille ce quelle vou-lait dire. — « Mais oui, insistait-elle, il est mort. Nevoyez-vous pasbien quil pue et quil ne parle point?Nest-ce pas comme cela quon dit que nous serons aprèsla mort? » M. <le Roquelaure se retira sans demanderson reste et laissa à la compagnie la liberté de rire àses dépens. L.évêque du Puy, Mgr de Béthune, lui ditaussi quelque chose dassez plaisant, un soir quilsétaient tous deux au souper du roi. Vous connaissez leprélat et son grand nez, \-ous nignorez pas non plusque Roquelaure est très camard. Celui-ci voulant faire. IwuntBBu»^ Maxîmilicn de Bavière. 14 2[l) MADAME DU NOYER lagréable, dit à lévêque : « Hé! de grâce, monsieur,rangez votre nez, que je puisse voir le roi. » Lautrelui répondit sans sémouvoir : « Hé I monsieur, vousen voulez bien à mon nez; croyez-vous quil ait été faitaux dépens du vôtre? » Cette réponse fut trouvée plai-sante, on en rit beaucoup. Je vous avoue que la vivacité des gens de ce pays-cimenchante. On me contait dernièrement quun gentil-homme gascon se faisait appeler marquis à la Cour duduc de Savoie. M^ la duchesse lui demanda par déri-sion dans quel pays était son marquisat. — « Il est,madame, répondit le Gascon sans hésiter, dans ^?otreroyaume de Chypre (i). » La réponse était un peu har-die, mais il est bien des choses quon pardonne en faveurde lintention. Un monsieur dici, ayant reçu une lettre de son cadetqui est dans le service et dont l
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