. Contes roses . ranche-Montagne, mais ravi que ce soit enfin à moi deveiller ce soir; car jai furieuse envie de caresser les côtes de linsolentqui vous a mis à mal. Lheure vint où Jean lOurs devait prendre sa garde. Il se glissasous la table et disparut derrière la nappe dont les pans le recouvrirenttout entier. Avec son couteau, il fit à la hauteur de ses yeux deux trousdans la toile; et, ainsi, voyant sans être vu, il attendit. De longs instants passèrent. Rien dinsolite nétait venu troublerle paisible sommeil de ses compagnons, et Jean lOurs commençait àsimpatienter de son long et inutile


. Contes roses . ranche-Montagne, mais ravi que ce soit enfin à moi deveiller ce soir; car jai furieuse envie de caresser les côtes de linsolentqui vous a mis à mal. Lheure vint où Jean lOurs devait prendre sa garde. Il se glissasous la table et disparut derrière la nappe dont les pans le recouvrirenttout entier. Avec son couteau, il fit à la hauteur de ses yeux deux trousdans la toile; et, ainsi, voyant sans être vu, il attendit. De longs instants passèrent. Rien dinsolite nétait venu troublerle paisible sommeil de ses compagnons, et Jean lOurs commençait àsimpatienter de son long et inutile affût, lorsquune horloge, quelquepart dans le château, sonna les douze coups de minuit. Le dernier avait à peine retenti, quune porte secrète, dissimulée ^ dans la tapisserie,tourna lentement surses gonds. Et, auxyeux étonnés de JeanlOurs, apparut lacréature la plus bi-zarre que lon puisseimaginer : cétait unn a in aux j a m b e storses comme desvrillons devigne, auvisage ridécomme unepomme 9. i-^^K^-^. 66 CONTES ROSES DE MA MERE-GRAND cuite; son menton en galoche était orné dune barbe, et si longue, silongue quelle balayait le sol derrière lui. 11 avait des bras démesurés,de larges épaules, une vaste poitrine, et portait sur son dos un moutontout écorché; dans la main gauche il tenait une broche à rôtir. Il savan-çait, marchant à pas de loup sur la pointe de ses pieds difformes, etlançait autour de lui des regards méfiants. Dun bond, Jean lOurs se jeta au-devant de lui. — Bonsoir, laid sapajou, lui cria-t-il, que viens-tu faire ici, à cetteheure? Lautre, pour toute réponse, brandit perfidement sa broche, et enasséna un coup si puissant sur la tête de Jean lOurs que ce dernieren vit trente-six chandelles, et plus. Le nain leût certes assommé,comme il avait fait de ses compagnons, si le rusé Jean, en prévision desemblable accident, navait pris soin de se matelasser le crâne avec leduvet de trois coussins bourré sous son bonnet. Il c


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