. Oeuvres diverses de Jules Janin. ijétais redevenu insolent, beau parieur, bavardmême; à présent cétait elle qui gardait un silencemodeste, cétait moi qui faisais de lesprit : nousavions changé de rôle tous les deux! « A la fin, voyant que je ne disais pas ce que jedevais dire, la belle parleuse, devenue timide, sehasarde modestement à demander le nom de sonséducteur. Cétait là justement que je lattendais. a Je lui dis mon nom tout simplement et sansemphase, jy mis aussi peu de prétention que sije me fusse appelé Sillery. « Mais, quand elle entendit ce nom de Mira-beau, elle fut si violemment


. Oeuvres diverses de Jules Janin. ijétais redevenu insolent, beau parieur, bavardmême; à présent cétait elle qui gardait un silencemodeste, cétait moi qui faisais de lesprit : nousavions changé de rôle tous les deux! « A la fin, voyant que je ne disais pas ce que jedevais dire, la belle parleuse, devenue timide, sehasarde modestement à demander le nom de sonséducteur. Cétait là justement que je lattendais. a Je lui dis mon nom tout simplement et sansemphase, jy mis aussi peu de prétention que sije me fusse appelé Sillery. « Mais, quand elle entendit ce nom de Mira-beau, elle fut si violemment frappée quelle ou-blia de sévanouir. « Madame, lui dis-je, voilà un beau chapitrea de plus à ajouter aux Annales de la vertu. » a Et elle rentra au palais donner à ses élèves laleçon accoutumée de morale et de vertu. « Et je te demande pardon, Clary, dune ven-geance si facile, et dont jai regret, te voyantbonne et douce et si peu disposée à te fâcher. » m CHAPITRE XXXIII. LE COMTE DE De la barbe, les capucins en ont; lesboucs en ont aussi. H. DE Latouche. E sais bien que je raconte tout cela fortmal. Etrange profanation ! Qui suis-je,(jen effet, pour reproduire tout ce feu,toute cette verve, tout cet esprit ? Dailleurs,quelle intelligence notre ffoide époque peut-elleavoir de cette époque de passion et de moquerie?Et puis, quels hommes aujourdhui sont à la taillede Mirabeau? et de Mirabeau mort, quel échoest-il resté ? quel son de sa voix, quel trait deson visage? Rien. Il est resté des paroles écrites^cest-à-dire des paroles sans son âme, sans safigure, sans son geste, sans ses veines bleues quise croisaient sur son front comme un réseau mou-vant : car cétait un homme dune race à partj 300 BARNAVE. homme dune race qui s^est perdue; et e]uand onretrouvera ses ossements fossiles, dans mille ans,au fond de quelque aqueduc à immondices, on lesprendra pour les restes d^n géant. Cependant, ayant vu Mirabeau face à face


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