. En mocassins . e note des sitelles tombe de la ver-dure aérienne, et le rivage envoie, de loin, le douxsifflement de ses maubêches. Tout semble devoirpassionner lincorrigible rê Parée de fleurssauvages, elle revient sassoir sous lénorme pin àlombre duquel elle a si souvent invoqué les esprits. La mère anxieuse, les yeux fixés sur sa fille etloreille attentive, retient sa respiration dans lacrainte de perdre quelque chose de ce qui va sepasser. Lilino, adossée au tronc rugueux et la tête unpeu renversée, remue doucement les lèvres. Quelques instants sécoulent ainsi; puis une bri-se so


. En mocassins . e note des sitelles tombe de la ver-dure aérienne, et le rivage envoie, de loin, le douxsifflement de ses maubêches. Tout semble devoirpassionner lincorrigible rê Parée de fleurssauvages, elle revient sassoir sous lénorme pin àlombre duquel elle a si souvent invoqué les esprits. La mère anxieuse, les yeux fixés sur sa fille etloreille attentive, retient sa respiration dans lacrainte de perdre quelque chose de ce qui va sepasser. Lilino, adossée au tronc rugueux et la tête unpeu renversée, remue doucement les lèvres. Quelques instants sécoulent ainsi; puis une bri-se souffle du lac et les feuilles aciculaires du vieuxpin,, toutes frémissantes, se mettent à chanter com-me les cordes dune harpe éolienne. Les sons, inarticulés dabord, se font de plusen plus distincts et se changent tout à coup en unevoix harmonieuse qui parle ainsi à la jeune fille. Entends la voix de Plume-Verte,Le pensif manitou des pins:Je hante la grotte déserteEt ce bois de silence La Fiancée du Manitouépiée par sa mère dans la Pinière Enchantée LA FIANCÉE DU MANITOU 205 Jai ma retraite solitaireDans le massif au front songeur,Avec lenchantement, mon frère,Et la félicité, ma sœur. Ma voix semble, lointaine, vague,Sortir du rêve et du suis fluide, ainsi la vagueOù fond le baiser du soleil. Je fais broder par la lumière,Ma tunique de papillon;Pour peindre mon aile légère,Jemprunte au soir le vermillon. Je taille dans la fantaisieMon panache, mes mocassins ;Et jexcite la jalousieDes fleurs aux caprices divins. Jai de lémail et des peinturesQuà lautomne jai dérobés;Des triples colliers, des ceintures,De larc-en-ciel un soir tombés. Si je pars en course lointaine,Le hasard, près de moi, sassiedDans mon canot de porcelaineOu sur le zéphyr, mon coursier. 206 EN MOCASSINS Veux-tu, Lilino, ma pauvrette,Le costume des colibris,Lagilité de la fauvette,La vie heureuse des esprits? Ici le manitou baisse la voix, et la jeune


Size: 1433px × 1744px
Photo credit: © Reading Room 2020 / Alamy / Afripics
License: Licensed
Model Released: No

Keywords: ., bookauthorguindona, bookcentury1900, bookdecade1920, bookyear1920