Benjamin Rozes : nouvelle naturalistes . trainde lui déchiqueter les feuilles dun rosier. Lesable de lallée craquait sous ses bottines. Encôtoyant la vigne, tout haut, il dit : — Nous aurons du raisin, cette année. — Espérons-le, sécria M^^ Rozes, au boutdu jardin. Nous en avons eu si peu lannéedernière. Benjamin la rejoignit, lœil tellement ra-dieux, le cigare si cavalièrement dressé quellele fixa, très étonnée. — Ah! ah! fit-elle, ça va donc mieux?Lui, par manière de plaisanterie, lui lança de la fumée au visage. Elle se mit à tousser, riant, suffoquant. — Est-ce bête! tu sais bien que je na


Benjamin Rozes : nouvelle naturalistes . trainde lui déchiqueter les feuilles dun rosier. Lesable de lallée craquait sous ses bottines. Encôtoyant la vigne, tout haut, il dit : — Nous aurons du raisin, cette année. — Espérons-le, sécria M^^ Rozes, au boutdu jardin. Nous en avons eu si peu lannéedernière. Benjamin la rejoignit, lœil tellement ra-dieux, le cigare si cavalièrement dressé quellele fixa, très étonnée. — Ah! ah! fit-elle, ça va donc mieux?Lui, par manière de plaisanterie, lui lança de la fumée au visage. Elle se mit à tousser, riant, suffoquant. — Est-ce bête! tu sais bien que je naimepas le tabac. — Grand-père, fais-moi la même chose, dis,fais-moi la même chose, cria la petite Jeanneenthousiasmée. Elle sétait jetée sur lex-notaire, lui avait BEN7AMIN ROZES saisi les mains, et sautait, sautait comme sidu caoutchouc, sous ses bottines, lobligeait àrebondir. Benjamin Rozes recommença le manège,mais lenfant toute crispée finit par demandergrâce, et lentraîna vers la voliè Des poules, un coq de Cochinchine becque-taient des épluchures; quelques pigeons surleurs perchoirs sommeillaient ou se lissaientles plumes. — Veux-tu me la donner, ta volière, dis,grand-papa? demanda Jeanne. BENJAMIN ROZES Elle avait des cils presque blancs, fort longs ;Benjamin les remarqua. — Oui, ma mignonne, ré Toutça est à Je te donne tout : le coq, lespoules, les pigeons. — Et tes lapins, tu me les donnes aussi ?demanda-t-elle encore, enhardie par son pre-mier succès. — Oui, les lapins ! même celui qui a desyeux rouges, tout! mais à une — Laquelle ? — Cest quils resteront ici. Il eut une bonne grosse joie, tandis que lafillette le regardait, un peu désappointée. Etil lembrassa. Derrière eux, à lombre dun sorbier dontles baies étaient mûres, un banc les invitait àsasseoir. Tous sy casèrent. — Cocoorico ! chanta le grand coq, les ailesdéployées, la crête haute. La ch


Size: 1400px × 1785px
Photo credit: © The Reading Room / Alamy / Afripics
License: Licensed
Model Released: No

Keywords: ., bookcentury1800, bookdecade1880, bookidbenjaminroze, bookyear1882